Les Grand Blanc sont quatre : Benoît (chant, guitare), Luc (arrangements, pad), Camille (chant, claviers) et Vincent (basse). On a rencontré les deux premiers fin août, lors du festival Rock en Seine où ils faisaient un peu de promo. Quelques jours plus tôt, on avait découvert les quatre chansons de leur premier EP (sortie fin septembre), qui nous avaient intrigué, titillé : on sentait qu’il se passait quelque chose, même si on ne savait pas encore très bien quoi. A l’écoute, des résurgences de cold wave électronique (de Kas Product à Joy Division), une voix féminine un peu lasse (“Degré zéro”, “L’Homme serpent”) vs une voix masculine enflammée (“Samedi la nuit”, “Petites frappes”, et les chœurs sur les deux autres morceaux), une atmosphère urbaine et nocturne, des textes sombres qui jouent sur les mots façon Bashung voire Gainsbourg… On pensait aussi un peu, en mieux peigné mais aussi intense, aux groupes de l’informelle “Grande Triple Alliance internationale de l’Est”, adeptes bien organisés de l’autoproduction destroy, écrivant souvent en français cru.
D’ailleurs, le quartette vient de Metz, “même si ça fait longtemps qu’on est partis, on a perdu notre accent. D’ailleurs, à Metz, on nous dit qu’on vient de Paris. Et c’est pas un compliment, là-bas.” (rires) Les Grand Blanc disent rester néanmoins très attachés à leur ville d’origine, à la scène musicale assez riche : “C’est un bon endroit pour faire de la musique aujourd’hui, ce qui n’était pas vraiment le cas il y a encore dix ans.”
Quand on leur parle crise de l’industrie du disque et difficulté à vivre de sa musique, les membres de Grand Blanc, déterminés, répondent qu’ils en sont bien conscients mais qu’ils sont déjà heureux de ce qui leur arrive. Ils ont été remarqués au dernier Printemps de Bourges, lors de leur participation aux Inouïs aux côtés de Feu ! Chatterton entre autres, et ont déjà reçu les encouragements de quelques professionnels (Valli, l’animatrice de France Inter – dont le studio était installé juste à côté – viendra d’ailleurs leur claquer la bise pendant l’interview).
Grand Blanc a été signé sur Les Disques Entreprise, division exclusivement francophone de l’excellent label parisien 3rd Side Records, où l’on trouve notamment les très remarqués Moodoïd et Blind Digital Citizen. “On ne pouvait pas mieux tomber: c’est un label de pop en français, et c’est justement ce qu’on veut faire.”
Pour l’album, il faudra sans doute attendre l’an prochain. D’ici là, le groupe devrait avoir l’occasion de se faire connaître, et de continuer à souffler le chaud et le froid. On y reviendra. (V.A.)
En attendant, on écoutera en boucle cet EP particulièrement bien foutu. La morgue et la froideur donnent une alternance bienvenue, brouillant les pistes avec adresse. Si je n’avais pas jeté un œil aux photos du groupe, j’aurais pu les croire plus vieux. Des jeunes déjà vieux ? Non, plutôt quatre jeunes gens qui ont la plume bien trempée, qui savent cracher un venin pas toujours mortel, mais toujours électrisant. Si la forme se permet des grands écarts surprenants (quelques éclats de funk sur “Petites frappes”, qui se combinent à des claviers en souffrance, qui sont pour le coup beaucoup plus agressifs sur “Samedi la nuit”, ruade apocalyptique qui donne envie de chercher la baston), le fond reste éminemment compact et solide. On sort de ces quatre titres avec l’envie d’en découdre au plus vite, les nerfs à vif et les sens aux aguets. Grand Blanc pour humeur noire, et une envie de suivre ces quatre jeunes frappes. (M.C.)
Dates de concert à venir :
En concert gratuit (release party du EP) le 24 septembre à l’International à Paris.
27/09 @ Coopérative de Mai, Clermont-Ferrand
13/10 @ Nancy Jazz Pulsations, Nancy
08/11 @ La Cave à musique, Mâcon
14/11 @ Théâtre de Poche, Béthune
18/11 @ Picardie Mouv’, Chauny
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