GOMM – Destroyed To Perfection
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Ma route a croisé pour la première fois celle de GOMM il y a un peu plus de deux ans, en première partie de Nada Surf. Le groupe m’avait à l’époque intrigué, car il baignait dans une lumière diffuse, avec une batterie en bord de scène qui semblait être l’élément central du show. Olivier, batteur du groupe, commença par ces mots : « Bonjour, nous sommes les Gomm et nous avons mis des cravates ». Ce genre de déclaration m’évoqua tout de suite les hommes-machines kraftwerkiens, ce qui est un compliment. Ils se lancèrent dans un set halluciné de 45 minutes, où les fantômes du post-punk et l’expérimentation allemande du début des 70’s étaient catapultés dans le 21ème siècle. Cette prestation avait rendu celle de Nada Surf assez terne.
Mais le temps a passé, et les GOMM se sont depuis fait une solide réputation sur les scènes de France et de Navarre et leur premier album, « Destroyed to Perfection », édité chez PIAS, arrive dans les bacs ces temps-ci. Au regard du style particulier du groupe, peut-on parler de Rock’n’Roll pour désigner la musique du combo ? Mais oui, les enfants, mais oui…
Les influences comme Wire ou Can restent évidentes. A cet égard, les rythmiques répétitives, vocales et instrumentales, le goût pour la destructuration ne manquent pas (comme sur le dernier titre, « Sorry », répété sans cesse). Néanmoins, GOMM draine avec lui une esthétique éminemment intéressante, et ce qui pourrait apparaître comme une simple accumulation d’influences se transforme en réelle vision musicale. On notera l’excellent « Karl Einz Mucke », tout en larsen et sirènes électronica, cheval de bataille scénique (qui pourrait sonner comme un hommage à Can, Faust, Kraftwerk, toute l’école Krautrock d’outre-Rhin, mais qui se révèle être une référence aux manuels d’aprentissage de l’allemand au collège…tout n’est que faux-semblants !). Ces recherches sonores ne sont pas sans rappeler les stridences délicieuses des merveilleux Sonic Youth. Chaque morceau semble retravaillé, détruit puis reconstruit…jusqu’à la perfection. Plusieurs écoutes sont néanmoins nécessaires pour totalement assimiler l’album, ce qui est dû à la complexité de certaines compos, résurgence d’une fascination toute avouée pour le jazz dissident. Mais l’énergie live qui se dégage de l’album éveille les sens dès la première pose sur la platine.
Cet album doit être une incitation à se rendre aux concerts de GOMM, car c’est là que leur musique prend toute son ampleur, révélant un aspect rock’n’roll particulièrement puissant.
Frédéric Antona
Karl Einz Mucke
Organic Unity
Rejoice
Flashes of Hope
I Need
Punk_3
Common Place
Into Perfection
Break Machine
Sorry