Have You Met Gaspard Royant ? Nous pourrions envisager deux réponses à l’interrogation qui sert d’accroche au nouvel album du dandy haut-savoyard. La première consisterait à accueillir ce frenchy au look vintage avec toute la méfiance indie de rigueur, à ne s’en tenir qu’à l’aspect « exercice de style rétro » qui se dégage de ses compositions, pour le ranger sans ménagement dans la catégorie déjà très peuplée des pasticheurs sans véritable identité. Nous préférerons abandonner cette option pour adopter une approche plus innocemment enthousiaste, mais sans doute aussi plus objective. En effet, si Gaspard Royant continue à porter ses influences comme des étendards, toutes les promesses contenues dans son « 10 Hits Wonder » (compilation de singles éditée en 2013) se concrétisent magnifiquement à l’écoute de ces douze titres pour lesquels il s’est offert les talents de producteur du grand Edwyn Collins.
Vraisemblablement galvanisé par la caution historique de l’Ecossais, le garçon carbure forcément beaucoup à l’Orange Juice d’un bout à l’autre de ce disque racé, piochant avec la même gourmandise dans la northern soul britannique (« 7″ Club ») ou le rock’n’roll gominé des années 50-60 (« Hard Times »). Qu’il est réjouissant d’entendre, en 2016, un produit de major française d’une telle élégance, enrôlant comme si de rien n’était la légendaire section de cuivres des Dexy’s Midnight Runners et citant dans le texte Roy Orbison, Phil Spector ou même Burt Bacharach. Trop beau pour être vrai ? Nous pourrions effectivement le redouter mais Gaspard Royant, jeune trentenaire idéaliste, est bien trop rusé pour tomber dans le panneau du revivalisme de pacotille. Ravalons nos a priori et profitons simplement de l’un des meilleurs disques du moment.