J’ai un peu perdu la trace de Françoiz : même l’album avec les frères Herman Düne, je l’ai zappé. Après son passage au café de la Danse avec ses invités, je l’ai presque oubliée. Bien sûr, de temps en temps, on avait de ses nouvelles, on savait qu’elle avait enregistré d’autres albums (« A l’aveuglette ») et des copains nous rappelaient son existence (en concert à la gare du Coustellet ou en session live avec Citazine). Bref, je n’aurais pas donné cher du nouvel album et pourtant dès l’ouverture, « BXL Bleuette », j’ai été happé à nouveau dans l’univers de Françoiz, par ses samples en boucle de guitares aigrelettes, par sa voix. Non, Françoiz n’a pas changé. Et puis la chanson évolue, tout doucement, en plusieurs temps, vers une structure plus organique, moins figée. Elle nous refera le coup un peu plus loin, notamment avec le bien nommé « Cabinet de curiosités », partant d’un rythme bossa, puis, filant sur un tapis de voix angéliques. Bien sûr, on retrouve, souvent (dans « Marie-Lise », entre autres), la basse ronde et les claviers cheapos (entre Françoiz et Dominique, pour leurs nouvelles productions, décidément, on lorgne vers les débuts de la gloire) mais la grande surprise de cet album, pour moi, c’est l’instrumentation. Comme pour l’excellent « De 20 à 30 000 jours », mais dans un tout autre genre, moins grandiloquent, Françoiz a mis le paquet sur la musique. Les chansons de Françoiz tenaient jusqu’alors debout toutes seules par la force de leurs textes et le minimalisme de la mise en son. Ici, on se met presque à l’écouter comme on a (malheureusement ? heureusement ?) parfois tendance à écouter les albums étrangers : sans faire trop attention aux textes et en se laissant bercer par la mélodie des voix et des sons.
Alors ici, on se coule dans la ouate de « L’Astronome », on chaloupe sur « La Gomme », on grimpe sur les crêtes des claviers d’une Nico (enfin) apaisée avec l’étrange et anglophone « Werewolf ». On apprécie particulièrement les craquements un peu partout, les mini samples rigolos tels ceux du début du futur hit « La Chirurgie des sentiments », presque volé à Etienne Charry ou à Katerine. D’ailleurs, on pense souvent en écoutant le disque aux merveilles que provoquerait une rencontre Burgalat-Breut. « Michka Soka », deuxième tube de l’album avec guest de choix, electro-bruxello-cubain, fait rêver à une collaboration avec Mathieu Boogaerts.
« L’Eclat du jour » termine l’album par une construction savante, presque post rock, ponctuée de samples sombres et de percussions fantomatiques, avec des illuminations où on sent pointer tout le génie de Swell (cette batterie sèche et ces guitares folk maltraitées).