FITNESS FOREVER – Personal Train
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De l’Italie musicale contemporaine, on ne connaît finalement pas grand-chose si ce n’est quelques chansons de Lucio Battisti, une poignée de tubes estampillés italo disco, des extraits de musiques de films signées Ennio Morricone et Piero Umiliani ou de mornes succès de variété lacrymale à la Eros Ramazzotti. Remède idéal à la morosité ambiante et aux pitreries consternantes du président du Conseil Silvio, le premier album de Fitness Forever, "Personal Train", sonne comme une carte postale sonore en provenance d’une Italie idéalisée et gentiment kitsch, la seule que l’on ne cessera jamais d’aimer quoi qu’il arrive. Car l’Italie que chante et qu’incarne Fitness Forever, c’est une Italie qui n’existe plus (ou qui n’a jamais vraiment existé). Celle de nos fantasmes de cinéphiles nostalgiques, celle de "La Dolce Vita", du dernier des Bevilacqua, de “Week-end à Rome", des antipasti en terrasse, des gelati dégustées sur le bord de la plage. Avec un plaisir délicieusement coupable, on plonge dans ces clichés la tête la première comme on le ferait dans la mer Tyrrhénienne en plein congé maladie. Il faudra donc écouter "Personal Train" les cheveux au vent sur l’autoroute ensoleillé des vacances. Celle qui relie la Côte d’Azur à Ventimiglia. Bien sûr, posséder une Fiat 500 décapotable d’époque serait un léger plus.
En premier lieu, il convient de mettre les choses au clair. La musique de Fitness Forever est à déconseiller aux diabétiques en tout genre, aux ardents réfractaires aux trompettes soft à la Burt Bacharach, aux amateurs de rock indé pour qui la street credibility compte avant toute chose. Ceux à qui les sucreries sixties et autres pièces montées easy listening hérissent le poil devront donc rebrousser chemin. Car Fitness Forever, ce n’est que cela : une tribu de joyeux guignols, adepte du second degré, qui dévale les routes du pays avec des chansons légères et estivales plein le coffre. Zigzaguant entre bombinettes funky ("Se come te") et mignardises brésiliennes ("Je je jeox"), entre ballade naïve ("Vacanze a Settembre") et tubes prêts-à-fredonner ("Probabilmente", "L’Anarchica Pugliese", "Bacharach"), les pop-songs de Carlos Valderrama (génial homme-orchestre de la bande, déjà à l’œuvre au sein du groupe Valderrama 5) ne sont pas révolutionnaires mais salutaires.
Et puis au détour d’un accord de guitare, d’un mouvement de cordes ou d’une harmonie vocale radieuse, Fitness Forever nous laisse entrevoir un soupçon de mélancolie, une gravité profonde planquée sous un déluge de couleurs vives. Du côté des textes, c’est cliché et guimauve à tous les étages et c’est tant mieux. La pop, qui n’a jamais mieux sonné qu’en italien, est prise pour ce qu’elle est véritablement : un divertissement populaire où seule la musicalité des mots compte.
Arrivée à Ventimiglia, la Fiat 500 marque une courte pause sur les abords de la côte méditerranéenne. Le disque qui continue de tourner à l’intérieur de la voiture s’achève sur un "D’Estate" à la mélodie rayonnante. La destination est atteinte, le nirvana pop pas loin d’être acquis. Dehors le monde est beau, le ciel est bleu, la vie est douce. Même si le décor n’est que carton-pâte – et on ne le sait que trop bien -, on se surprend à y croire sincèrement l’espace des quelques instants que durent ces 12 titres magnifiquement insouciants. Delle vacanze per l’eternità…
Rémi Mistry
Intro
Probabilmente
L’Anarchica Pugliese
Vacanze a Settembre
Albertone
Se come te
Je je jeox
Quando ho tempo
Monica
Bacharach
Outro
D’Estate