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Concerts

Feu! Chatterton, Le Tetris, Le Havre, 5 février 2015

Jeune formation parisienne, Feu! Chatterton est avant tout une bande de potes qui se connaissent depuis le lycée et jouent ensemble depuis un moment. Après moult tremplins leur permettant d’éprouver la formule sur laquelle ils planchent depuis trois ans, ils sillonnent les routes de la francophonie pour défendre leur premier EP serti de ses points d’exclamation !

Le groupe se compose de Clément et Sébastien alternant guitares et claviers, d’Antoine à la basse, d’Arthur au chant et de Raphaël à la batterie. C’est justement le son de cette dernière qui me saisit dès les premières notes du groupe. La clarté et la finesse de son jeu sont celles d’un musicien classique passé par le jazz. Souvent en retrait dans des formations musiques actuelles, les percussions sont ici celles qui lancent et guident les compositions. On avait croisé Arthur, le chanteur de Feu! Chatterton, en civil de retour d’une virée dans le Havre. Il se présente sur scène paré d’un autre look, celui du costume trois pièces d’un dandy parisien. Il interprète tour à tour deux titres qui ne figurent pas sur l’EP, « Pont Marie » invitant à prendre le large puis « Fou à lier », conte de la folie ordinaire moderne. La ligne de basse de ce titre me fait penser à une autre charmante formation française dénommée Granville. Arthur propose de continuer cette petite escapade aquatique mais moins hospitalière cette fois puisqu’il introduit « Côte Concorde« . Le chanteur démontre un talent de narrateur au service d’un texte qui s’encre, à défaut de voir s’ancrer l’embarcation du Concordia, dans un refrain entrepris avec gravité « Du ciel tombent des cordes, faut-il y grimper ou s’y pendre ? Sur le pont du Côte Concorde, cinq étoiles dans la nuit sont mortes » à mi-chemin entre l’intonation d’un Dominique A et l’expressivité d’un Brel. Arthur dit que c’est la première fois qu’ils viennent au Havre, il suggère d’aller se promener dans les bois, y faire des choses audacieuses car c’est la petite mort ce soir, « La mort dans la pinède« , titre que l’on imagine swinguer dans la bouche de Feu Nougaro.

On aurait tendance à ranger Feu! Chatterton, et son nom de groupe en hommage au poète anglais, dans la catégorie chanson française. Pourtant, et cela est bien plus prégnant en live que sur le disque, les musiciens jouent rock, dans l’échange, dans le respect de chacun, le tout au service du texte. L’association des cinq membres est d’une grande maîtrise pour un groupe dont la moyenne d’âge est de 26 ans. Vient l’un des plus beaux titres qui fait depuis peu l’objet d’un clip. Sans doute suis-je séduite par l’influence d’un Cantat et de tout ce que Noir Désir a apporté au répertoire du rock français, que l’on retrouve dans « A l’Aube« , chanson racontant une séparation. L’arrangement scénique du clavier détourne légèrement cette filiation évidente sur disque tout en faisant la part belle aux guitares qu’il est plaisant d’observer de si près, tant c’est de la belle ouvrage qui est donnée à voir.

Feu! Chatterton et son visuel façon Magritte d’un homme sans tête admirant une plage du Nord de la France, ce ne sont pas que des chansons tristes. Arthur propose de partir au Mexique danser avec « La Malinche » ou comment faire la démonstration des nombreuses cordes à l’arc du groupe avec ce titre enjoué, dominé par les claviers, lui conférant un petit côté vintage. Clément et Raphaël fredonnent volontiers sans micros. Arthur annonce que c’est le dernier morceau mais qu’il est long. Avec un EP d’à peine vingt minutes, on a quand même droit à une majorité de nouveaux titres en prémisse d’un album dont l’enregistrement devrait débuter en mars pour une parution en septembre. « Bic Médium », dernier titre avant le rappel est une chanson sur le stylographe. Sur scène, Arthur, que l’on dirait sorti d’un film romantique, de sa gestuelle, est comme habité, transporté par une tension qu’il communique au public suspendu à ses lèvres. Le titre s’achève par « où est ce que tout ça finit ? » avant de voir le groupe rejoindre les coulisses puis de revenir sur « Une plaine » et « Boeing » où il est à nouveau question de ciel, d’avions, de passagers, d’arbres et de forêts, deux titres plus pop contrastant avec les chansons à gouaille qui font la signature de Feu! Chatterton.

Voir Feu! Chatterton sur scène, c’est voir prendre corps la vivacité des textes mariée à la subtilité des mélodies d’un groupe qu’il faudra continuer à suivre de très près ces prochains mois.

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