En provenance de Poitiers et ayant pris la route après une journée de travail, un maigre retard était à prévoir. C’est donc vers 20h que nous garons la voiture sur le parking du Chabada. Après le traditionnel check à l’entrée qui me conforte dans l’idée que j’ai des amis qui ne tentent pas de faire entrer des armes dans des lieux publics (c’est toujours bon à savoir), je pénètre dans le site pour découvrir la petite scène dans la cour, vide à cette heure-là, et le visuel du festival vidéo-projeté sur un imposant mur de ciment.
L’ambiance dans la salle est chaleureuse, le merchandising très courtisé et le public international. Il est vrai que ce genre musical attire aisément les foules venant de loin car il est tout de même peu représenté dans les grands festivals, et certain des groupes de ce soir n’ont pas souvent joué en France, à l’image de Camera, qui monte sur la petite scène avant la nuit. Le trio allemand de krautrock offre un set très intense, les trois musiciens alignés sur le devant de la scène étant la majeure partie du temps courbés sur leurs instruments, suivant le batteur, qui est debout derrière ses fûts, avec beaucoup d’application. Un groupe à suivre.
Après une courte pause, le concert de Tamikrest commence dans la salle. Le public s’amasse doucement devant la scène, donnant une indication sur le peu de gens venus précisément pour voir la prestation du groupe Malien. Abordant la sortie de leur troisième album « Chatma », les musiciens proposent un blues du désert qui pour moi viendra avec difficulté se mêler à la programmation de la soirée. J’y trouve néanmoins un intérêt et les quelques morceaux que je resterai écouter me feront surtout prendre conscience de l’importance de la voix et de la langue dans la musique, car malgré l’utilisation d’instruments classiques pour de la musique rock, le groupe parvient à me faire voyager à des milliers de kilomètres d’Angers. A noter que la projection de formes abstraites et colorées sur un écran géant derrière le groupe aide au voyage.
Vient le tour des parisiens de Wall of Death, grands amis de The Black Angels qui leur ont proposé de venir enregistrer leur premier album dans leur fief d’Austin.
Le trio a pour particularité de ne pas avoir de bassiste, leur claviériste se chargeant d’envoyer des basses avec l’un des multiples claviers composant son arsenal (Korg, Rhodes…). Il est également celui qui va apporter de l’originalité au son du groupe grâce au Rhodes sus-cité. Alternant morceaux très énergiques et chansons plus psychédéliques comme « Away » et ses sonorités hindouisantes, leur set est très au point, et le chant évanescent de Gabriel ainsi que le son particulier de sa 12-cordes donnent au groupe sa touche finale. A noter que deux membres de The Black Angels monteront sur scène pour jouer un morceau avec les parisiens, ce qui provoquera un vrai mouvement de foule. Les fans sont là. Et c’est pour bientôt.
Juste avant le tour des texans, c’est le groupe Night Beats qui monte sur la grande scène, sonnant par la même occasion la fin de la programmation extérieure, eh oui, faut pas déconner, les températures estivales sont déjà loin.
Pour changer, c’est un trio qui forme ce groupe officiant depuis 2009 à Seattle. J’avoue avoir particulièrement apprécié leur concert, tout en nonchalance, à l’image de leur bassiste qui aurait pu réciter la table de 9 en boucle tellement il maîtrisait son jeu, allant de posture en posture, toisant le public et son chanteur, puis marchant vers son batteur comme pour vérifier que tout se passait bien pour lui. Leur rock psychédélique saupoudré de blues a de quoi surprendre dans les premiers instants mais, très vite, la surprise se dissipe et laisse place au plaisir d’esquisser quelques pas de danse hésitants et tout aussi surprenants.
Pendant que la salle se vide, je vais prendre place au premier rang, pas de bière maintenant, sinon c’est foutu pour la pôle position. Après un petit quart d’heure d’attente, la lumière s’éteint enfin et provoque un déluge d’applaudissements, autrement plus fournis que pour Tamikrest, « no offence ».
Il faut dire que The Black Angels est le légitime parrain du festival, ce dernier étant jumelé à leur évènement Austin Psych Fest dont Alex Maas est le co-directeur.
J’ai l’agréable surprise de découvrir que le groupe utilise du « mapping » sur des toiles tendues en fond de scène et entourant la batteuse. Sur les projections, un mélange de formes colorées et de prises de vues en direct modifiées par des effets vidéos. Plutôt classe.
Le groupe est en grande forme et enchaîne les titres de « Indigo Meadow » et « Phosphene Dream » avec ferveur, procédant à des changements-éclairs d’instruments, les musiciens s’engouffrant tous en un quart de seconde derrière la première note de guitare et ne laissant ainsi pas un moment de répit à nos maso-tympans.
Après un rappel bien mérité, The Black Angels se retire pour de bon et laisse la scène vide mais prête à accueillir à nouveau la crème des groupes psychédéliques de 2014, avec, je l’espère, une deuxième édition aussi réussie que ce premier jour. Cette fois, rendez-vous sera pris de longue date, ce qui m’évitera de ne pas pouvoir assister aux deuxième jour!