Cinq groupes, cela fait beaucoup : le top départ est donc prévu pour 20h, et le public n’a pas totalement intégré cette donnée. C’est donc au compte-gouttes qu’il arrive dans la salle de 1200 places, où se produit le duo de The Pirouettes. Novice, pas tant que ça (le chanteur Leo Bear Creek est le batteur de Coming Soon), mais enthousiaste, et de mon point de vue, enthousiasmant. La musique du groupe, faite de synth pop parfaitement entraînante, me donne envie de remuer, et me fait même chanter, comme un écho à ces matinées passées à chantonner “Le matin, l’été indien”, sorte de chewing-gum pop dont il m’est impossible de me dépêtrer. Une reprise de France Gall et Michel Berger par-ci, quelques petits tubes par-là (coup de coeur pour “Autoroute/Opéra”) et donc 30 minutes de set qui sont passées à toute allure.
La suite vient quasiment de suite, grâce à des changements de plateau éclair. Granville prend place sur scène. Je me souviens avoir apprécié le disque, mais ne pas l’avoir écouté depuis un moment. Mais visiblement, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas, car je me remets à fredonner chaque chanson. L’interprétation est des plus réussies, avec Mélissa au chant qui assure devant un groupe qui n’a pas peur de jouer “fort”. “Le slow”, “Polaroïd”, “Jersey” ou encore “La robe rouge”, tout ça est bien fait, séduisant, forcément rétro mais sans sentir le vieillot non plus. Bref, Granville s’en sort de fort belle manière, avec l’expérience et ce qu’il faut d’adresse : mention bien.
Barbara Carlotti, marraine de l’évènement, prend place sur scène. J’avoue ne pas bien connaître le répertoire de cette grande dame, mais je n’aurai pas boudé mon plaisir pour autant. Pleine de charisme, tout en sourires et accompagnée d’un groupe sans faille, elle déroule avec beaucoup d’envie une heure de set, toujours vibrante, avec pas mal de titres du dernier disque (“L’amour, l’argent, le vent”, “Mon Dieu, mon amour”, très beau moment de communion entre la musicienne et son public), une reprise (“Message personnel” de Françoise Hardy) et une coupure dans le programme, avant les plus nerveux Aline.
Direction le premier rang ou pas loin pour les Marseillais, qui semblent décidés à en découdre. Seulement, “Maudit garçon”, qui ouvre le set, sonne mal et je commence à m’inquiéter. Mais les problèmes semblent s’évanouir aussi vite qu’ils sont apparus. Romain Guerret est survolté, et tout le groupe se rue plutôt sur une pop nerveuse, bien plus que sur disque, qui tire pas mal sur une énergie punk. Si le tube “Je bois et puis je danse” est bien entendu l’un des plus applaudis, il y eut d’autres succès dans le public, par ailleurs pas avare en pogos. On notera une reprise des Désaxés, mais surtout de belles versions de “Regarde le ciel”, “Voleur” ou “Obscène”, un “Teen Whistle” survolté et rendu explosif par l’invasion (annoncée et encouragée de la scène, au grand dam de la sécurité, passablement énervée). Je me suis surtout agréablement retrouvé à chantonner, voire chanter – aïe – chaque chanson, toujours le sourire aux lèvres. On n’a pas vu le ciel, mais la vue qu’a proposée Aline était quand même vachement belle.
Le final de la soirée me laissera plus sur ma faim, avec une prestation de La Femme (groupe que je n’apprécie que modérément) qui ne m’a guère passionné. J’ai trouvé ça assez surjoué, voire poseur, ce qui n’enlève pas quelques qualités à certains titres. Que j’aime autant écouter tranquille chez moi.
Il n’en reste pas moins une très belle impression d’ensemble, un peu similaire à celle qu’a fournie la compilation. Des groupes qui sont certes réunis sous une même appellation, mais qui ont chacun leur personnalité et un réel talent. Bravo DDP, et à l’année prochaine donc.