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Disques

Eryk.E – Seize

Eryk.E - Seize

Un premier album aux envies bourlingueuses et aux spectres multiples avec le parrainage de Jean-Louis Murat et de Denis Clavaizolle.

Alors que Jean-Louis Murat s’apprête à sortir un nouvel album, c’est avec la participation à la création de l’album d’un de ses amis qu’il revient. Discrètement, avec délicatesse mais assurance. Venant avec sa guitare, 3 textes et rien de plus.

Qui est cet artiste qui a capté l’attention de l’auteur de Mustango ? Un certain Eryk.E, médecin anesthésiste dans la vie de tous les jours et musicien à ses heures perdues. Murat, il le rencontre dans son Auvergne natale. Les deux hommes se reconnaissent, trouvent en l’un et l’autre une communauté d’esprit.

Comme on le comprend à l’écoute de Seize, ce premier album d’Eryk Eisenberg. Pourtant, musicalement, les deux univers connaissent quelques empathies mais les propositions restent très différentes.

Certes, « Morte Saison » en ouverture ne dépareillerait pas sur un disque de Jean-Louis Bergheaud. On y trouve cette même aspiration pour des comptines abimées mais chez Eryk.E, la ligne est plus claire. Chez lui pas de tropisme ni de fixation à aller chercher du côté des Amériques ou de  Neil Young.

Chez Eryk.E, il y a le charme provincial des vieux bals d’automne avec ces lampions qui éclairent la piste de danse.

Sur « Seize », on retrouve les mêmes envies bourlingueuses que chez son ami chanteur. N’hésitant pas à habiller « Mes nuits » d’un chant flamenco, Eryk.E tente beaucoup et réussit souvent. On retrouve dans ce disque des membres du Delano Orchestra qui décidément ne quittent plus Murat mais aussi Denis Clavaizolle, l’alter égo de l’auvergnat ou la voix sublime d’une certaine Gaêlle Cotte.

On pensera souvent à William Sheller et pas seulement par la structure des morceaux souvent articulée autour d’un Piano qui a sans doute parfait son éducation musicale du  côté de Ravel ou Chopin. Les lieux, par exemple, emportés par un violoncelle et la voix haute de Eryk.E  qui évoquent les Carnets à spirale. Sans doute aussi ces compositions savantes presqu’impalpables, jamais démonstratives d’une virtuosité mais toujours au service de la sensibilité d’un mot ou d’une note.

Ou Bleu qui ramène à la voix fluette du Dominique A des débuts. Volontairement ancré dans une dimension classique, Seize rentre en vous pernicieusement, l’air de rien, avec nonchalance.

Il y a de l’élégance et de l’intelligence dans l’atonalité de cette voix, un peu à l’image de ces écritures blanches qui vous laissent le champ libre pour mettre dans les mots d’un autre un peu de vous.

Chez Eryk.e, il y a cette même ironie tendre, de celle que l’on trouve chez Barbara, cette même camaraderie avec ses voisins humains, cette chaleur que l’on aimait chez Moustaki.

On rencontre rarement une musique immédiatement nécessaire. C’est sans doute cette rareté qui rend ces dix chansons si précieuses et si abordables.

Entres textes aux allusions à cultiver et climats changeants, Seize est un grand premier album qui prouve encore une fois  avec par exemple pour ne citer qu’eux, Orso Jesenska et Guillaume Stankiewicz la richesse de la musique d’ici.

Dans Seize, les couleurs jouent avec les saisons. Des étés de fin d’été d’un Gabriel Yared aux soirs d’automne qui jouent avec la lumière.

Chez Eryk.E, il y a du Thomas Dybdhal pour cette dimension de chanteur de charmes mais sans la volonté de divertir mais surtout de rester à l’état premier, celui d’envouter.

Ou alors de faire diversion…

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