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Dirty Projectors – Swing Lo Magellan

Dirty Projectors - Swing Lo Magellan

Nous nous sommes tant aimés Dirty Projectors et moi… Trop fou, trop destroy, trop beau, trop dans tous les sens. Le genre à relire intégralement un album de Black Flag (« Rise Above »), le genre à marier indie, pop, r n’b, guitares folk, esprit punk et des voix de filles à la Björk et Camille qu’on aurait plus envie d’embrasser que de leur claquer un beignet (« Bitte Orca », Orca Bitte quoi). Alors forcément, j’attendais ce « Swing Lo Magellan », au titre et à la pochette parfaits, comme la Nasa les relevés de Curiosity qui bombarde au laser les cailloux martiens : fébrile, les mains moites, le clic droit maladroit.

Donc déçu, je suis déçu. De là à dire que Dirty Projectors est rentré dans le rang ? Non, mais juste que cet album est pépère-charentaises. Déjà, une des deux Projectorettes s’est fait la malle (déjà tant d’heures sous les sunlights ?) mais il est vrai que ça sentait un peu la compét’ de déo Narta sur scène… On a presque l’impression que Dirty Projectors la joue down-tempo, genre Lali Puna, vous voyez ?  Nan, j’déconne hein. Nan, mais des trucs sirop d’érable genre « I need youuuuu and you’re always on my mind » sur « Impregnable Question », c’est un peu dur à avaler. D’ailleurs on est ici au cœur du symptôme : Dirty Projectors était en quelque sorte la réponse blanche à la musique noire pour les blancs ( Motown, r n’b d’aujourd’hui…). Avec le majeur levé bien sûr, bien post-moderne comme il faut. Ici, on est plus dans l’hommage bien révérencieux. Alors on s’ennuie un peu malgré les bonnes intentions : « Gun has no trigger » (so vintage, bientôt chez tata Ardisson) ou « Swing Lo Magellan » (folk pépère, basse chamalow)… Oui c’est bien mais, Dieux !, ces gars-là nous ont habitués à décrocher la lune.

Il y a quand même de beaux restes tels « Offspring Are Blank » entre doo wop, hip hop acoustique et…Led Zeppelin !

La production de « See What She’s Seeing » envoie les mélodies sur le pont du navire pendant le passage du Detroit et elles en reviennent avec le mal de mer : percussions à base de samples, de tapotements, de craquements (la caisse d’une guitare ?), échappées de cordes du sextuor yMusic (un reste de l’esprit viennois de Bitte Orca ?).

Amber Coffman a son morceau de bravoure (sans égaler « Stillness Is the Move ») avec du pur Dirty Projectors : guitare suraiguë (on dirait un likembé congolais de Konono n°1), rythmique hip hop et la part belle aux vocalises anti-sociolites. Voici n’a qu’à bien se tenir.

Allez, rendons à César ce qui lui appartient : « Unto Caesar », bordélique à souhait, mariant prises studio chiadées et atmosphères de répét’, est diablement efficace et son enthousiasme  est extrêmement contagieux.

Il en ferait presque passer le bluesy thirties « Irresponsible Tune » (« With our songs we are outlaws », « Will there be peace in the world ? » tout ça, tout ça…). Pour un peu, on se croirait dans « Radio Days » de Woody Allen…

J’ai été souvent surpris que Dirty Projectors ne fasse pas plus l’unanimité (c’est clivant, comme on dit dans le métier)… Il est possible qu’en me laissant sur ma faim, ils gagnent une audience plus large. Ça fera au moins des heureux…

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