Disons le tout net, POPnews a fait une grosse erreur. Celle de n’avoir jamais vraiment parlé dans ses pages d’un grand nom de la chanson. Il faut donc rendre à César ce qui est à César. Comme nous l’avions fait récemment avec Lou Reed, une belle rétrospective se prépare, non pas que ça sente le sapin pour notre ami Dick mais pour sa carrière de haut vol qu’il fallait honorer. « Velo Va », dernier album de sa gargantuesque carrière illustre à merveille cette liberté qu’il a toujours su préserver depuis son « Sacré Géranium » en 1972.
Réalisé par Freddy Koella, le disque donne très vite l’impression d’une terrible limpidité, un grand souffle d’air frais, quelque chose de très juvénile, spontané, se dégage de ces dix chansons à tel point que mes marmots prennent autant de plaisir que moi à les écouter. Ainsi « Un enfant », titre évocateur arrangé par Albin de la Simone est l’une des chansons les plus touchantes. Et c’est peut-être cette simplicité qui touche. Dick s’imagine en prune, en ovoïde, en avatar de demi-lunes, s’amuse aussi devant la page blanche : « Je cherche une chanson qui me ressemble…qui nous rassemble » L’alchimie se fait, les mots s’enchaînent à merveille, le conte prend forme et une ferveur communicative se dégage, portée par sa voix de Quasimodo. Dick s’amuse beaucoup, se transporte en Apôtre, rend avec la manière, sans emphase, un hommage à un tirailleur marocain avant de prendre des airs inquiets sur « Pire ». Jean qui rit. Jean qui pleure.
Dick, c’est comme une liqueur, un Mezcal, ça pique, ça effraie un peu et puis ça réchauffe très vite. Ça touche au cœur. On est rassasié par autant de générosité. On se dit que la musique a encore tellement à nous apporter, qu’on n’en aura jamais fait le tour et que Dick n’est encore qu’un enfant, le tricycle jamais loin, la roue libre plus que jamais.