Si on a pu dire (voire lire ici même dans nos colonnes) que Deerhoof souffrait quelque fois de trop plein, force est de constater que la tendance est à l’épure depuis quelques albums dont le récent et excellent, « Deerhoof vs Evil ». « Breakup Song » est un disque d’une petite demi-heure, guère plus que le précédent. Rassurez-vous, si le disque est concis, nos frappindingos sont toujours aussi bavards et chaque chanson recèle mille et une pistes : power pop, electro, world, jingles pub, collages sonores, techno, métal, math-rock. La marmite est profonde et nos sorciers adorent la cuisine fusion, refusant de céder au formatage pop (seule entorse à la règle : la durée de trois minutes maximum par titre). De la même manière que « In C » de Terry Riley était considéré par Cortazar comme la musique pop par excellence, un bon album de Deerhoof a de quoi satisfaire tous les appétits et il y en a pour toutes les chapelles dans chaque chanson.
Si la recette de base est à peu près la même que celle de « Deerhoof vs Evil », cet album est plus resserré, plus rock, centré sur l’énergie générale, et contient un peu moins de plages ambient étranges (bon, allez, peut-être « Bad Kids To The Front » pendant laquelle nos sales gosses piochent même dans le registre Drum n’ Bass. Rien de rédhibitoire). Chaque morceau semble avoir été pensé pour le dancefloor, en témoignent les titres : « We do parties » et le tube final « Fête d’Adieu ». Sur ce dernier titre, le plus addictif, Satomi conclut le titre en chantant « I was a robot on the dance floor » et on est loin des Daft Punkeries. On ne sait toujours pas si les robots rêvent de moutons mécaniques mais les robots seront sacrément funky lorsqu’ils danseront sur la samba math-rock de Deerhoof.
Nos allumés préférés sont toujours les maîtres du contraste : sur « To Fly or not to Fly », on passe en une minute trente du stoner grondant au hip hop-rock en passant par la new wave dark pop.
« The Trouble with Candyhands » démarre comme du latino chachacha pour finir par du parasitage indie rock consolidé par un refrain tout à fait sunshine pop.
Au niveau de la production, c’est là encore du grand art : un chef d’œuvre de miniaturiste au service de la globalité. Chaque chanson est un assemblage de microparties : samples, textures diverses (entre clarté sonore et prise sur le vif, lo-fi). La maestria consiste ici à agglomérer chaque partie au tout sans le côté, qui peut être désagréable, patchwork du hip hop. « Flaming Whiskers III » est à ce titre assez éloquent : dansant de bout en bout et pourtant plein de ruptures ryhtmiques. Deerhoof déboulonne les Happy Mondays au rayon dance-foutraque.
Comme « Deerhoof vs Evil », « Breakup Song » est une magnifique porte d’entrée dans le monde coloré de Deerhoof qui, sans se renier, accueillent à bras ouverts les nouveaux fans comme ils embrassent sans complexe toutes les musiques du monde sans exception.
En plus, Deerhoof est le meilleur antidote à la déprime post rentrée et sait mettre tout le monde d’accord en live. Pour la paix dans le monde : oubliez Obama, votez Deerhoof.