Rendez-vous, une fois de plus, au Krakatoa pour moi, où le tout indie s’était rendu pour célébrer la sortie officielle du disque des Crane Angels, « Le Sylphide de Brighton« , joyeuse et flamboyante ode à l’hédonisme pop, qui semblait en plus taillée pour le live. La météo annonçait sur le billet « Crane Angels + l’armée des anges + guest ». Bon.
Il y a eu les guests, avant tout. Ils font ça bien, les Crane Angels, vous noterez. D’abord les invités, ou plutôt des évadés à la Prison break : des Cranes en solo somme toute. On a Petit fantôme qui vient (tout seul, et c’était toujours bien), Botibol (même sentence), Lispector (qui traîne depuis un moment avec la bande, plutôt bien), Mask (très bien) et Nunna Daul Isunyi, aka Sylvain (ou l’inverse), dont je vais devoir retenir le nom. Un jour, il faudra bien, car je trouve son folk franchement très intéressant.
On a eu les amuse-gueules de qualité, sous l’oeil goguenard de certains autres Crane qui profitent des douillets fauteuils présents sur scène. Ils auraient tort de se priver après tout. Ils sont donc aux premières loges pour assister au set de JC Satàn, la grosse claque de la soirée. Garage, mais tout en restant mélodique, joué pied au plancher, fort, c’est un gros moment de rock, qui fait invariablement secouer de la tête les spectateurs. La simplicité des mélodies fait ressortir leur efficacité, les guitares grasses et la batterie martiale achèvent le boulot entrepris par le chant puissant, et l’ensemble laisse l’impression d’avoir eu affaire à un bulldozer surpuissant manié d’une main de maître.
Du coup, la barre est haute pour les Crane Angels (dont fait partie justement notre JC Satàn). Des fois, on a beau être douze, l’obstacle peut refroidir. Alors ils y sont allés, doucement au début, puis la mayonnaise a commencé à prendre, les voix se sont lâchées, on a senti l’ambiance monter. Les chansons prenaient toujours plus d’ampleur, les mélodies étaient en place, et je me suis surpris à chanter, ce qui, avec les Crane Angels, est plutôt très bon signe. Les dernières retenues ont volé en éclats, avec par exemple un « Give Me Time » qui a enflammé la scène, puis la fameuse Armée des Anges est arrivée. L’Armée des Anges, c’est un ensemble dépareillé de 45 personnes, certaines « célèbres » (Arch Woodmann, Julien Pras, qui est par ailleurs venu jouer une chanson avec les Crane Angels, tout comme Magnetix), les autres non, mais on a senti que tout ce beau monde poussait fort, et on a senti le bordel joyeux s’installer sur scène, les esprits ont commencé à lâcher prise sur les corps qui se sont mis à danser, à complètement exulter (le summum sera à mon sens atteint sur « Easy Take » et « The World », suivis de près par « Virgin »), et la bonne humeur qui parcourt la salle avait quelque chose d’enivrant, d’excitant pour le public. 770 personnes qui ont pu profiter à fond de cette belle soirée, de ce groupe qui sait concilier sa bonne humeur collective avec une vraie tenue musicale, et auquel je prédis un joyeux futur pop.