Concrete Knives, c’est ce groupe normand qui avait déjà séduit Christophe, grand amateur de groupes normands d’ailleurs (comme les excellents All Cannibals), et moi, comme souvent, eh bien je prends le train en marche. Mais çe ne me gêne pas : Concrete Knives a beau foncer vite, impossible de ne pas trouver rapidement ma place.
Parce qu’en effet, l’écoute de ces titres montre une maturité assez impressionnante dans l’écriture de popsongs aussi efficaces que catchy, et j’ai du mal à ne pas fredonner la plupart des chansons, qui mêlent subtilement plein d’ingrédients : des pointes de rythmes africains, de la pop anglaise, des accélérations post-punk dans l’âme et même un peu de pop vaporeuse, tout ça se mélange allègrement, sans aucune fausse note. Les 34 minutes du disque sont avalées à toute vitesse, avec comme rampe de lancement le survolté « Bornholmer », qui électrise l’auditeur dès les premières notes, avant de laisser place à « Happy Mondays », pop-song légère et toute en tension aussi, avec la marque de fabrique du groupe qui se dessine : couplets portés par des mélodies fines et qui donnent envie de bouger, et refrains à chanter à tue-tête. La formule semble simple, mais maîtrisée à la perfection comme par Concrete Knives, elle a de quoi laisser son empreinte. Chaloupé (« Wallpaper », « Roller Boogie » un encouragement irrésistible à onduler du bassin), remuant (« Africanize »), frondeur en mode rock (« Greyhound Racing », « Wild Gunman »), Concrete Knives a tout du groupe insaisissable, qui amorce déjà des pistes plus calmes (« Truth », et plus encore « Blessed » qui referme le disque) pour ne pas s’enfermer. Mais qu’il est bon de rester au contact de ces Normands, dont l’avenir s’annonce radieux.