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Disques

Bill Ryder-Jones – A Bad Wind Blows In My Heart

Bill Ryder-Jones - A Bad Wind Blows In My Heart

Nous n’avions sans doute pas encore pris toute la mesure de la perte subie par The Coral lors du départ de son guitariste originel, Bill Ryder-Jones. Le combo psyché-pop de James Skelly n’a certes probablement pas encore dit son dernier mot, l’attente d’une suite maintes fois repoussée à « Butterfly House » (2010) provoquant encore aujourd’hui une fébrilité palpable chez la plupart de ses fans. La formation du Merseyside devra pourtant déployer des trésors d’imagination afin de palier durablement l’absence des petites touches de génie instillées par le musicien démissionnaire et sa six-cordes délicatement inventive.

Pour sa deuxième livraison en solitaire, le jeune homme a fait le choix de s’offrir un disque à l’ancienne : ici, les arrangements sont chaleureux et l’atmosphère particulièrement feutrée. A mi-chemin entre la mélancolie boisée de Nick Drake (« By Morning I ») ou d’Elliott Smith (« Hanging Song ») et cette incomparable éclat mélodique typique des plus fines lames de Liverpool (des Pale Fountains aux méconnus The Sand Band, auxquels on songe ici à plusieurs reprises), Bill opte pour un classicisme tout en retenue. Les singles « He Took You In His Arms » et « Wild Swans » seront peut-être les chansons auxquelles nous nous raccrocherons le plus logiquement dans un premier temps. Avant de succomber lentement mais sûrement aux charmes plus effacés de « The World Between Us » ou « Anthony & Owen ».

« If… », premier album solo de l’Anglais paru l’an passé, était majoritairement composé de pièces instrumentales inspirées par un roman de l’italien Italo Calvino, « Si par une nuit d’hiver un voyageur… ». Avec cette œuvre conceptuelle sur laquelle il se frottait sans complexe à des ambiances cinématographiques, le jeune trentenaire s’ouvrait de nouvelles voies, rompant de façon assez brutale avec l’ordinaire de la scène pop britannique. En choisissant cette fois-ci de renouer modestement avec les fondamentaux de la pop song, le garçon pourrait donner l’impression de rentrer dans le rang, abandonnant en chemin un peu de l’ambition qui caractérisait ses précédents faits d’armes. La qualité de l’ouvrage exposé ici suffit pourtant à rejeter une telle condamnation. Avec « A Bad Wind Blows in my Heart », nous assistons bien en direct à l’émancipation d’un songwriter de premier plan, avec lequel il nous faudra désormais compter.

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