Beach House fait assurément partie des meilleures surprises pop de ces dernières années, en réussissant là où beaucoup ont échoué, pour faire court. Il fallait un talent du diable pour restituer avec une telle authenticité un sentiment aussi naïf, aussi pur. Beach House ne s’est pas tellement démarqué sur ses textes ou même sur la construction de ses morceaux mais sur son habillage sonore, sur l’épaisseur de ses notes. Le son, voilà qui semble être la clef, le secret d’une recette qui a désormais fait ses preuves. On se contreficherait presque des paroles pour ne se se laisser bercer que par la voix, ses variations, ses hauteurs et son atmosphère toujours aussi débridée.
C’est la couleur du son qui a changé le plus entre « Teen Dream » et « Bloom ». Moins bon ? Plus grossier dirons-nous, surtout si on compare un « On the Sea » avec « Some Things Last a Long Time », par exemple. C’est le sentiment général qui se dégage de cet album : le chant beau et aérien de Beach House est contrarié par une structure statique un peu creuse. La musique, qui a toujours paru si lointaine, si inaccessible, devient palpable, et perd de sa magie (« Lazuli », avec son accompagnement qui rappelle les bandes-son des vieux jeux Nintendo).
Bien sûr, « Bloom » n’est pas un mauvais album, loin de là. La simplicité des morceaux, de leurs rythmiques, forme juste un tout un peu plus monotone (« The Hours » dont l’introduction évoque « Because », mais avec un riff de guitare simple et répétitif). Ce bonheur un peu artificiel a comme un goût de réalité. Il était difficile de succéder à « Teen Dream », surtout en si peu de temps. On ne parlera pas d’accident de parcours mais d’une impasse, de la pop qui a peu à exprimer, qui s’ennuie un peu aussi sans doute. Peut-être, au-delà des rêveries adolescentes, y a-t-il maintenant quelque chose d’autre à raconter…