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Disques

Asobi Seksu – Hush

ASOBI SEKSU – Hush
(One Little Indian / PIAS) [site] – acheter ce disque

ASOBI SEKSU - Hush"Citrus", sorti en 2006 et immédiatement reconnu comme un des grands disques de l’année, a beaucoup fait souffrir Asobi Seksu, à la fois catalogué dans le revival shoegazer, sans que l’on note leurs autres qualités, et éreintés après une tournée mondiale.  ""Hush" a été écrit alors que nous nous sentions détruits" a ainsi déclaré le gratteux James Hanna. Ne sachant où aller, mais conscient de devoir à tout prix changer de peau, le groupe a donc essayé avec ce nouvel album de prendre le contre-pied de la lourde étiquette qui leur était accolée. La meilleure manière d’y parvenir était d’adoucir leur son. Ça n’a pas manqué…
Le troisième album du quartette a donc beaucoup plus à voir avec les Cocteau Twins qu’avec Slowdive ou My Bloody Valentine. Ce qui était considéré comme la base de leur style a en grande partie disparu, la seule chanson comportant une certaine dose de distorsion étant le premier single, "Me & Mary", que l’on évoquera plus loin. A la place du turbulent shoegazing qui fait mal aux oreilles et du bien au coeur, et dont Citrus était un des meilleurs représentants actuels, "Hush" propose un superbe tableau dream-pop, bien que la structure des chansons du groupe demeure globalement inchangée. Le titre d’ouverture, "Layers", parvient, tout en emboîtant de nombreuses couches d’instrumentation, à plonger l’auditeur dans une ambiance féérique, dont la délicatesse n’est pas l’élément le plus surprenant. Asobi Seku oscille perpétuellement du son noisy incarné par les tranchantes parties de guitare de Hanna aux claviers argentins de Yuki Chikodate.

La voix fragile et vulnérable de cette dernière se conjugue à la perfection avec les subtiles couches de synthétiseurs, dont l’album fait abondant usage, au point de devenir un instrument à part entière ou un magnifique tremplin permettant d’amorcer d’incessants et légers changements de tempo. Elle passe de l’anglais au japonais, rendant son chant non seulement difficile à comprendre, mais incroyablement étrange, à l’image de ce qu’on peut ressentir avec Sigur Rós. Si les prestations vocales de Yuki sont de suite obsédantes, ce n’est pas tout à fait le cas de l’album dans l’ensemble, dont le poison s’inocule très très lentement. Malgré la densité des instrumentations et un son toujours par moments assez sale, les compositions du groupe demeurent beaucoup plus proches des formules pop à la Camera Obscura que de la radicalité de certaines formations contemporaines. Toujours est-il que les textures sonores bâtissant chaque chanson sont épatantes, en particulier sur les maladives et sulfureuses "Gliss", "Mehnomae" ou encore "Blind Little Rain", micro-cathédrales de sons traînants, de paysages glacés et de claviers asthéniques. Le titre le plus accessible étant, étrangement, le bruyant "Me & Mary", superbe synthèse entre un hymne pop et l’irréel shoegaze des vieux pots, avec encore une fois une tonne de reverb et cette voix à peine intelligible, voilée par les claviers et la batterie.

Les admirateurs du wall of sound de "Citrus" seront probablement déçus des quelques appels à la légèreté auxquels Asobi Seksu a brillament répondu. Ce serait une énorme bêtise, tant "Hush" est une magnifique déclaration d’amour à la dream-pop britannique des années 80, sans pour autant s’enfermer dans un seul genre. Plus essentiel encore, le disque réussit à combiner un grand plaisir d’écoute à une atmosphère générale difficile d’accès. Comme se promener par très grand froid, mais les yeux éblouis par une stupéfiante intensité solaire. A ne pas louper.

Julian Flacelière

Layers
Familiar Light
Sing Tomorrow’s Praise
Gliss
Sunshower
Risky & Pretty
In the Sky
Mehnomae
Glacially
I Can’t See
Me & Mary
Blind Little Rain

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