AROAH
Un EP, quelques premières parties, un autre EP en collaboration avec le Bjorn Borg de la pop espagnole Nacho Vegas… bref de quoi s’intéresser au joli bol d’air frais que constitue la musique d’Irene, aka Aroah. Opportuniste, en Speedy Gonzales de l’interview, j’ai donc profité d’un petit quart d’heure entre une interview pour une revue pop moderne et les balances pour poser quelques questions à la belle Irène.
On ne sait pas grand-chose sur toi, à part que tu es très jeune, que tu es moitié américaine, moitié espagnole… Peux-tu nous en dire un peu plus ?
Je ne suis pas si jeune que ça ! j’ai eu 21 ans il y a un mois. J’ai commencé assez tôt à faire de la musique, par la guitare à 10 ans. Et j’ai commencé à jouer dans un groupe à 14 ans. J’ai toujours été passionnée par la musique, pendant toute ma jeunesse. Et j’ai eu la chance d’être signée d’être tôt. Beaucoup de gens doivent passer par plein d’étapes et de compromis avant d’arriver à quelque chose alors que moi j’ai pu attirer l’attention de Jesús, du label Acuarela très tôt.
Ma mère est américaine, mon père est espagnol. À la maison, nous parlions anglais la plupart du temps, nous regardions les informations en anglais, lisions des livres en anglais. Je me suis beaucoup intéressée à la culture américaine parce que c’était la culture de ma mère. Et je passais mes vacances d’été chez mes grands-parents, aux Etats-Unis. J’ai donc toujours été également intéressée par les deux cultures et les deux langues.
Et tu ne te sentais pas trop étrange par rapport aux autres enfants, du fait de ces deux cultures ?
Oui, je me sentais très étrange… très bizarre, toujours… et puis au bout d’un moment je me suis rendue compte que ce n’était pas parce que j’étais mi-américaine, mi-espagnole, mais juste parce que j’étais intrinsèquement étrange ou que je voulais être différente. Un jour à l’école j’ai assisté à une représentation d’une pièce d’un auteur espagnol, Max Aub. Ce fut quelqu’un de très important pour la littérature espagnole. Il était à la fois français, allemand, juif, écrivait en espagnol, vivait en Espagne… Après la pièce, il y avait une conférence en présence de sa fille. J’étais encore assez perturbée à l’époque par le fait d’être à cheval sur deux cultures donc je lui ai demandé ce que cela faisait d’être originaire de tant d’endroits à la fois. Et elle m’a répondu que son père ne se sentait pas différent, il se sentait surtout très riche de cela.
Penses-tu que ces deux cultures apportent quelque chose de spécial à ta musique, par rapport par exemple à tes camarades de label ?
Je pense que tout le monde est un peu spécial chez Acuarela… En Espagne on dit « cada unos de su padre y de su madre », chacun tient de son père et de sa mère. Tout le monde est si différent, a un passé très différent. Sr Chinarro est très différent de Migala, Migala est très différent de moi… je ne pense pas qu’il y ait de différence particulière entre les autres et moi… tout le monde est si différent… c’est surtout un beau tas de fêlés !
Comment es-tu rentrée en contact avec le label Acuarela ?
J’étais en contact avec Jesús par email. Je n’étais pas impliquée dans un réel projet, j’enregistrais juste des démos de mes chansons. J’avais un ami qui me poussait, « Vas-y, donne lui une de tes démos, ça peut marcher… ». J’étais à Madrid et puis il y a eu une fête organisée par Acuarela, avec Emak Bakia, Nacho Vegas… c’est marrant parce que je ne les connaissais pas à l’époque. Donc je me suis lancée et j’ai donné une cassette à Jesús. Et il m’a signée (rires).
Il y a quelques semaines, un article est paru dans les Inrockuptibles à propos de la « Nouvelle Scène Pop Espagnole ». Penses-tu qu’il est temps que les français réalisent qu’il se passe quelque chose en Espagne ?
Je pense surtout qu’il est grand temps que les espagnols se rendent compte qu’ils se passent quelque chose dans leur pays ! L’article dans les Inrockuptibles est une très bonne chose, mais il révèle aussi que les artistes espagnols ne sont pas autant appréciés dans leur pays qu’ils le devraient. Il y a de la très bonne musique produite en Espagne, c’est très positif, mais il semblerait qu’il faille avoir un certain recul pour s’en apercevoir et habiter à 2000 kilomètres de là !
Dans ta biographie, on peut lire les noms de Sleater-Kinney, Will Oldham et Joni Mitchell. Que t’inspirent ces trois artistes, qui sont quand même très différents ?
J’écoute beaucoup de musique dans des styles très différents, donc il a été difficile pour l’ami qui a écrit ce texte de me cataloguer. La musique de Joni Mitchell est vraiment très importante pour moi. Quant à Will Oldham, il est également important, il est réellement à l’origine de quelque chose dans la musique d’aujourd’hui. C’est quelque chose qui me plait qu’on peine tellement à me définir qu’il faille citer trois artistes aussi radicalement différents.
Le son de ta musique repose beaucoup sur ta voix et sur ta guitare. Comptes-tu le faire évoluer ?
Oui, j’aimerais. Je vais essayer d’enregistrer un album en début d’année et j’aimerais que d’autres musiciens viennent étoffer le son. Mes chansons démarrent par une mélodie de chant, par les paroles et la guitare, mais j’aimerais travailler avec plus de musiciens… mais, tu verras
Propos recueillis par Guillaume
Merci à Fred et à Jesús.