Quand on entend la voix d’Antony pour la première fois, on a envie de se dire qu’on n’avait jamais entendu de Voix avant celle-là.
Les places étant toutes assises et numérotées, nous arrivons à la salle Pleyel peu de temps avant le concert. Sur scène, l’installation laisse présager de l’ampleur du concert qui nous attend. A gauche se trouvent un magnifique piano à queue noir, une très jolie harpe dorée, et, disposés tout autour de l’estrade du chef d’orchestre et du micro central, des pupitres, beaucoup de pupitres.
Quand l’heure sonne, l’orchestre s’installe assez rapidement. Il s’agit de l’Orchestre National d’Ile-de-France, avec Anthony Weeden à la direction et Gaël Rakotondrabe au piano. Les musiciens sont nombreux et tout de blanc vêtus.
Après quelques minutes, le silence se fait enfin et Antony arrive. Lui est habillé en noir : un pantalon noir sur lequel se superposent une longue jupe noire et une tunique noire dont le bas froufroutant est bordé de marron foncé. Le tout est complété par un poncho très long derrière avec un col qui monte très haut, noir également. Ses chaussures beiges contrastent avec l’ensemble, ainsi que ses mains et son visage, blancs, à l’exception des touches de bleu sur les paupières, de rouge sur les lèvres et sur les joues.
Malgré le côté obscur de sa tenue, quand les premières notes jaillissent, c’est un ange que nous entendons.
« Eyes are falling
Lips are falling
Hair is falling to the ground »
La première chanson est « Rapture ». C’est à ce moment que je me dis que je n’avais jamais entendu de Voix avant celle-là. Je me dis aussi que cet ensemble de cordes, de cuivres, de percussions, que ce piano, cette harpe ne sont pas trop beaux pour sublimer cette voix, voix qui pourtant se suffirait aussi bien à elle-même.
Ensuite il chantera « Cripple and the Starfish », qui est magnifique, suivie de « For Today I Am a Boy » qui n’a rien à lui envier.
« One day I’ll grow up, I’ll be a beautiful woman. One day I’ll grow up, I’ll be a beautiful girl.
But for today I am a child, for today I am a boy. »
Il chante cette recherche de la féminité avec force et délicatesse. Son visage et ses mains, seules parties visibles de son corps s’expriment. Entre deux chansons, il nous parle de ce truc qu’il a, cette envie de voir Jésus se transformer en femme, ce désir de se transformer lui-même en femme, en mère, d’atteindre une spiritualité différente, thème récurrent dans ses titres. Il y a un côté très intime dans ses confidences.
Même si les CDs ont tourné des milliers de fois dans le lecteur, la découverte reste entière, tant le live rend toute sa dimension à cette Voix. Elle a quelque chose de puissant, de profond, de léger et d’aérien à la fois, une texture vraiment unique. La re-découverte est due également aux arrangements écrits pour cette tournée « Cut the World », aux variations sur l’interprétation des morceaux connus, ainsi qu’à la présence de titres inédits.
Tout au long du concert il y a des moments très intenses, très beaux. Il y a des sourires aussi. Après quelques notes de « Cut the World », il doit s’interrompre « Sorry, I have to sneeze, hold on », puis il éternue très gracieusement, sous les rires et les applaudissements de son public. Puis il reprend son envol après s’être excusé de nouveau « Sorry, I just sneezed ».
La sobriété du décor et la douceur d’Antony nous donnent l’impression d’être enveloppés dans une bulle et nous feraient presque oublier que nous assistons à une performance rare, perfomance vocale d’Antony et performance de l’Orchestre National d’Ile de France qui s’accordent à la perfection. Deux ou trois chansons sont agrémentées d’effets avec un décor statique à partir de rayons lasers verts. Pour moi, ils sont simplement superflus.
La dernière chanson est la première de son premier album : « Twilight ». Le public est définitivement conquis et se lève pour applaudir chaleureusement.
Antony revient, se met au piano et nous offre « Hope There’s Someone ». Waow. Ce sera la seule chanson du rappel.
Tout le monde se lève pour l’acclamer. Tout le monde espère qu’il reviendra, et il revient, pour nous dire merci et nous quitter, simplement, en nous laissant avec le souvenir de sa Voix.
Rapture
Cripple and the Starfish
For Today I Am a Boy
Epilepsy is Dancing
Crazy in Love (Beyoncé cover)
Swanlights
Cut The World
Another World
Kiss My Name
I Fell in Love With a Dead Boy
Salt, Silver, Oxygen
You Are My Sister
The Crying Light
Twilight
Rappel:
Hope There’s Someone