ANGUS AND JULIA STONE – Down The Way
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Angus et Julia, c’est ce duo australien à l’allure de babas cool, lui avec sa barbe et elle sa robe de Pocahontas lunaire. Avec leur premier disque « A Book Like This », ils ont su se positionner sur un créneau « folk doux à deux voix », appellation peu académique vous en conviendrez, mais qui leur a valu un joli succès, et pas seulement d’estime. Parce que chez eux, les concerts sont sold-out, et à ce que leur page Facebook raconte, les Etats-Unis succombent aussi pour leur tournée de promotion de ce nouvel album « Down the Way ».
Moi qui ne connaissais pas le duo, j’avoue avoir été décontenancé par la différence entre les voix de nos deux protagonistes. Autant Angus possède une jolie voix, assez grave et suave bien que traînante, autant Julia a tendance à en rajouter dans un côté enfantin qui peut être désagréable. Mais une fois cette donnée intégrée, les qualités du disque ressortent naturellement. Dans une veine folk qui tire bien souvent vers le soft-rock, « Down the Way » est parfois une belle réussite. Je dis parfois parce que le disque est inégal, et que ce manque de constance ne tient pas seulement à l’alternance des voix, mais plus malheureusement à une paresse manifeste dans l’écriture. Avec pas mal de doigté, les deux jeunes Australiens et leur groupe habillent leurs chansons d’arrangements de velours (« Hold On »), quelques notes de piano et d’arpèges de guitare très légers, au service de mélodies qui visent bien souvent à tirer des larmes à l’auditeur, en traitant de l’ennui, du manque et autres rêves d’un ailleurs, d’un mieux ailleurs. Dans cette veine-là, « Big Jet Plane » et « For You » sont d’excellents représentants : les cordes sont bien présentes, mais sans trop en faire et il est plaisant de se laisser porter par ces climats doux-amers. Les ballades témoignent d’une écriture très classique mais bien maîtrisée, que le piano en soit la pièce angulaire (« I’m Not Yours ») ou qu’il s’efface sur « Yellow Brick Road », qui s’achève guitare électrique en main pour un long solo bien sous tout rapport. Mais pour cela, il aura fallu subir les mollassons « Santa Monica Dream » ou « Hush », représentants d’un aspect folk baba cool paresseux, alors que le duo vaut manifestement mieux que ça. Que ce soit sur « Walk It Off », où Julia se laisse presque entraîner par les cordes, ou le majestueux « Draw Your Sword », sur lequel Angus murmure tel un Tom McRae à ses débuts, nos deux Australiens montrent qu’ils savent se sublimer quand ils le veulent. Et ensemble, ils terminent le disque sur le triste mais touchant « Devil’s Tears », tout en retenue, où mélodie et chant tristes forment un magnifique bouquet final. Je ne sais finalement pas tout à fait quoi penser de ce disque, qui souffle trop le chaud et le froid pour séduire dans son intégralité, mais qui a pourtant d’indéniables qualités. Je vous laisse lâchement vous faire votre propre opinion, pour moi ce sera « peut mieux faire ».
Mickaël Choisi
A lire également, sur Angus and Julia Stone :
la chronique de « A Book Like This » (2008)
Hold On
Black Crow
For You
Big Jet Plane
Santa Monica Dream
Yellow Brick Road
And the Boys
On the Road
Walk It Off
Hush
Draw Your Swords
I’m Not Yours
The Devil’s Tears