Guido Minisky et Hervé Carvalho sont les deux protagonistes qui ont eu l’idée géniale de faire se télescoper la musique acid et les sonorités orientales. Loin de seulement se focaliser sur ses propres titres, le duo a invité des artistes tous différents à collaborer en donnant des morceaux, qu’ils ont ensuite collecté et assemblé. La sélection a nécessairement été minutieuse, tant l’impression de cohérence et d’intensité est palpable, et surtout constante. En 13 morceaux et 70 minutes, Acid Arab offre un trip extraordinaire, où les ambiances se mêlent à la perfection, la sensualité explose à chaque instant. Si le travail pour arriver à ce mélange a certainement été colossal pour les différents auteurs, il est redoutable d’efficacité, de simplicité même. La forme peut en effet varier, passer de motifs répétitifs à des tonalités plus organiques, plus variées tout en absorbant complètement l’auditeur et en préservant l’envie de danser et de se laisser porter sans réfléchir. Bachar Mar-Khalifé (qui n’est pas sur le disque) me rappelait dans une interview la nécessité de donner une dimension physique (danse, transe) à la musique, et c’est le ressenti que j’ai au contact de la musique d’Acid Arab. “Collections” est une collection de titres parfaitement assemblée, taillée pour la danse, dont le fond est tellement plus fort que la forme (au demeurant très réussie, avec des merveilles de claviers, de rythmes et de sonorités) qu’il prend le pas sur tout. Se laisser porter par Acid Arab est un abandon, mais aussi une bénédiction.