On a appris avec une grande tristesse ce jeudi matin la mort d’Adam Schlesinger à Poughkeepsie, dans l’Etat de New York, des suites du coronavirus. Il avait 52 ans. On l’avait d’abord découvert en 1994 au sein du groupe indie pop Ivy, formé avec la chanteuse française Dominique Durand et Andy Chase, qui restera actif jusqu’au début des années 2010 malgré un succès limité.
Deux ans plus tard sortait le premier album des Fountains of Wayne, où il tenait la basse, partageait le micro, l’écriture des chansons et souvent la production avec son alter ego Chris Collingwood, chanteur lead et guitariste. Si leur son était représentatif de cette période post-grunge où les majors signaient à tour de bras des groupes de rock “alternatif”, de Weezer aux Posies en passant par Nada Surf, le quartette (avec Jody Porter à la guitare et Brian Young à la batterie) se distinguait par son talent mélodique hérité de la power pop et la finesse de ses textes, petites chroniques de la vie suburbaine à l’humour acide et nostalgique qui évoquaient l’une des grandes influences de Schlesinger et Collingwood, les Kinks.
Bien que remplis de tubes potentiels, les albums “Fountains of Wayne” et “Utopia Parkway” connurent des ventes modestes, et les FoW, lourdés par Atlantic, durent attendre 2003 et le single “Stacy’s Mom” (où le narrateur explique à sa camarde Stacy qu’il est plus intéressé par sa mère que par elle), tiré de l’album “Welcome Interstate Managers”, pour décrocher enfin un petit tube. Il leur vaudra même une nomination aux Grammys dans la catégorie… “best new artist”, dont ils auront sans doute apprécié l’ironie. Les deux albums suivants, en 2007 et 2011, n’affoleront guère les charts, même si les titres du groupe, comme ceux d’Ivy, se retrouveront en fond sonore de nombreuses sitcoms et séries.
C’est d’ailleurs en écrivant pour l’écran – le petit comme le grand – que Schlesinger connaîtra ses plus grandes satisfactions professionnelles, même si ce volet plus anonyme de sa carrière passera largement inaperçu en France. Le talent certain des Fountains of Wayne pour les pastiches occasionnels (glam, soft rock 70’s, country…) semblait en effet le destiner à composer des chansons “à la manière de”. Il y aura notamment “That Thing You Do!”, exercice de style beatlesien pour le film du même nom réalisé par Tom Hanks en 1996, qui vaudra à Adam des nominations aux Oscars et aux Golden Globes ; et, en 2007, la B.O. de “Music and Lyrics” (“Le Come-back” en VF), plaisante comédie romantique dans laquelle Hugh Grant joue l’ancien chanteur d’un groupe de pop commerciale des eighties face à Drew Barrymore. Un film dont le charme doit au moins autant à sa musique (évidemment centrale dans l’intrigue) qu’à son duo d’acteurs.
On trouvera ci-dessous quelques exemples du génie modeste et protéiforme d’Adam Schlesinger, comme auteur, compositeur, interprète ou simple musicien (sur le morceau de Tahiti 80, produit par Andy Chase, il jouait du piano), dont c’est peu dire qu’il va nous manquer.
Bilan 2020 – Les disparus de l’année – POPnews
[…] Adam Schlesinger (Fountains of Wayne) […]
Bilan 2022 – Les disparus – POPnews
[…] tôt des musiciens qui ont compté pour nous, et qui avaient sans doute encore beaucoup à offrir. Adam Schlesinger (Fountains of Wayne) en 2020, victime du Covid, Pat Fish (The Jazz Butcher) l’an dernier, qui […]