Pour ouvrir la soirée, dans une salle tranquille – en configuration assise mais qui aurait mérité d’être un peu plus remplie -, on retrouve Tiny Ruins, soit sa leader Hollie Fullbrook, ce soir en solo. Auteure du très beau “Olympic Girls” en tout début d’année, la jeune femme a sorti il y a peu une version du même disque sur laquelle elle est justement seule. La formule est donc rodée pour la musicienne, mais elle est surtout d’un charme fou. La voix, au premier plan, et son jeu de guitare gracieux donnent une nouvelle lumière aux chansons, qui gardent la même ampleur dans le dépouillement. On est d’autant plus heureux de profiter de ces versions magnifiques de “School of Design”, “Olympic Girls”, My Love Leda” ou la plus ancienne “Bird in the Thyme”. Une très belle prestation, qui confirme le talent encore trop méconnu de Hollie, qui de plus a su se mettre le public dans la poche par sa douceur.
On sait toujours un peu à quoi s’attendre avec Shannon Wright, la songwriter originaire de Floride ayant déjà largement fait profiter le public français de son talent. Sauf que “Providence”, son dernier album, est intégralement au piano et cela se retrouve forcément sur la scène, où trône un splendide piano à queue. Il y a toutefois sur le côté une guitare électrique, dont elle s’emparera à la fin du set, le temps de quelques morceaux rageurs. Mais c’est bien au piano que Shannon Wright a fait succomber la salle, qui lui était acquise de toute manière. Toujours aussi déterminée, elle n’ouvre pas le set sur son dernier album mais commence d’emblée à revisiter son répertoire, contournant avec brio l’absence de tout autre instrument pour mieux prendre la lumière, exprimer la fougue différemment, notamment par un jeu très percussif et une voix qui n’a jamais semblé aussi belle… ou mise en valeur. Cela se ressent sur les anciens titres (le faussement primesautier “Defy This Love”, qui était déjà tout en piano-voix) ou sur les plus récents, “Fragments”, le déchirant “Close the Door” ou “These Present Arms”. Tout au long de la soirée, Shannon Wright reste intense, concentrée (comme à son habitude, elle ne parle pour ainsi dire pas du tout entre les morceaux), et elle tient ainsi en haleine la salle. Vient alors le temps de se dire au revoir, après “You’ll Be the Death”, déchirant comme jamais, et parfaite conclusion d’une soirée en compagnie de deux grandes artistes, aussi différentes que talentueuses.