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Interviews

25 ans de Tahiti 80 à rebours – 8. “Wallpaper for the Soul” (2002)

Notre série qui remonte le temps approche de sa fin. Xavier Boyer nous parle ici du deuxième album de Tahiti 80, “Wallpaper for the Soul”, réalisé avec les moyens conséquents qu’un label pouvait encore offrir à l’époque à un groupe quasi débutant. Un disque sur lequel le groupe cherchait à marier son goût pour la pop des sixties avec une approche plus contemporaine – même si Dan the Automator, producteur alors très coté, n’aura finalement pas fait partie du casting.

« Le fameux “difficile deuxième album”… On a gardé quasiment la même équipe, à part le producteur Tore Johansson. Il y a Andy Chase, Eric Matthews qui est encore présent sur quelques morceaux, on a enregistré de nouveau à New York. Le disque reste à cet égard dans la continuité du précédent.
J’ai quand même l’impression qu’on fait toujours des disques en réaction à celui d’avant, et aussi à certaines critiques, qui trouvaient par exemple notre musique trop légère. Il y avait une envie de prouver des choses, en réalisant un disque plus dense, avec davantage de pistes… Au départ, on avait écrit une douzaine de compositions, finalement on s’est retrouvé avec vingt morceaux et on a dû rallonger les sessions.

La blague, c’est qu’on était censé enregistrer la moitié de l’album avec Andy Chase et l’autre moitié avec Dan the Autmator, qu’on avait rencontré à Paris. Il avait entendu une chanson qu’il aimait bien, “Strange Things”, qui allait finir non pas sur “Wallpaper for the Soul” mais sur “Extra Pieces of Sunshine”, une compilation d’inédits, remix et versions alternatives sortie dans la foulée. Arrivés à New York, on commence à travailler avec Andy en attendant Dan, mais il ne vient pas et Andy commence à nous demander ce qu’on fait avec le reste des morceaux. Finalement, l’autre n’a jamais donné de nouvelles et on s’est retrouvés à enregistrer les vingt titres avec Andy. Et avec le recul, c’était peut-être une bonne chose même si on aurait bien aimé bosser avec Dan the Automator. Bon, rendez-vous manqué…
Je pense que cet album correspond à l’ultime pic de l’industrie du disque, avant la dégringolade. On va à New York, on enregistre les cordes à Londres, on part mixer à Portland sur le côte Ouest. Et entre-temps, on avait travaillé au moins deux semaines à Etretat, dans la maison de la belle-famille d’Andy Chase. C’est quand même un énorme budget, et l’un des derniers disques faits à l’ancienne, en tout cas pour nous : enregistré sur bandes puis transféré sur ordinateur.


Je l’ai réécouté, de façon un peu distanciée, parce qu’on l’a réédité il n’y a pas très longtemps. Le disque démarre par le morceau titre, dont les cordes sont arrangées par Richard Hewson, qui a travaillé sur “Let It Be” et sur pas mal de morceaux de McCartney, avec Nick Drake et James Taylor aussi… La chanson lui évoquait beaucoup Paul Simon, mais à l’arrivée il y a des rythmiques un peu jungle ou à la Aphex Twin, un côté Michael Nyman que lui a apporté avec les cordes… Bref, c’était plutôt ambitieux ! Sur le titre “Don’t Look Below”, on voulait montrer, peut-être un peu maladroitement, qu’on pouvait marier Destiny’s Child et My Bloody Valentine – à la fin, il y a de grosses guitares. On cherchait à exposer une large palette d’influences, en espérant que les gens y discernent quand même une personnalité, une spécificité.

Il y a des titres qui perdurent, comme “1,000 Times” [très souvent joué en concert, NDLR], ou “Soul Deep”, où on a un peu voulu tuer les Boo Radleys. Le disque a un côté symphonique qui témoigne d’une époque, ça a été difficile de refaire ça ensuite pour des groupes à notre niveau. Après, ce n’était plus les mêmes budgets.
“Puzzle”, c’était un premier album fait comme on pouvait, avec les chansons qu’on avait en stock. Pour celui-ci, on a eu beaucoup d’inspiration, beaucoup de chansons. On s’est risqué à une certaine démesure, mais je crois que le disque reste assez cohérent. En décidant des morceaux des sessions qu’on allait garder pour “Wallpaper for the Soul” et de ceux qui iraient sur “Extra Pieces of Sunshine”, on est volontairement allé vers quelque chose d’un peu dark pour le premier alors qu’on aurait pu faire un “Puzzle” bis, plus ensoleillé. »


Déjà publiés :
”Fosbury”
“Activity Center”
“The Past, The Present & the Possible”
“Ballroom”
”The Sunshine Beat Vol. 1”
“Here With You”
“Hello Hello”


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