En 2005, Drinking Songs fut l’emblématique premier album d’une trilogie (complété de Failing Songs en 2006 et Howling Songs en 2008) qui éloigna définitivement l’ex-Movietone des complexes explorations électroniques de son projet Third Eye Foundation. Un disque sombre, triste et paradoxalement lumineux et épique, sorte de dark folk d’inspiration est-européenne dont le musicien fera son miel jusqu’à son récent The End of Days (2023), qui constitue peut-être l’acmé d’un parcours singulier et farouchement indépendant dont n’a jamais dévié le Nancéien d’adoption.
Aujourd’hui, Matt Elliott revient quelque peu sur ses pas et revisite en trio, avec la pianiste Barbara Dang et la contrebassiste Anne-Elisabeth de Cologne, les huit morceaux originaux de Drinking Songs. Mais vingt ans après, ceux-ci ont vécu de multiples vies lors des toujours remarquables prestations live de leur créateur. Qui en prend acte et les restitue dans leur maturité, avec la profondeur encore plus grande et belle que leur ont conférée la patine des années.
Elliott les réarrange et les réassemble (comme dans un concert, certains morceaux sont enchaînés – CF Bundy/Trying to Explain et The Guilty Party/Also Ran, ce dernier absent de l’album initial), déploie sur la durée des morceaux déjà longs dont il fait des épopées (The Kursk), reste discret mais touchant dans le chant (What’s Wrong, What the Fuck Am I Doing on This Battlefield) et sobre dans l’instrumentation, sans s’interdire de faire scintiller le son de son saxophone, devenu depuis le précédent album son bâton de pèlerin musical.
Enregistrées à L’Autre Canal, à Nancy, dans un esprit proche du live, ces interprétations devaient naturellement s’inviter sur scène. L’Anglais tourne donc en France et alentour, souvent en trio, jusqu’au printemps prochain. Il sera à Chambéry (Brin de Zinc, en solo) le 26 novembre, à Lausanne (Maison de quartier de Chailly) le 28, le 18 décembre à Esch-sur-Alzette (Kulturfabrik), le 24 janvier à Marseille (La Méson), le 25 à Lyon (Marché Gare) et le 31 mars à Paris (Théâtre de l’Atelier). Un voyage dans un univers hors du commun, à ne pas manquer.
Photo © Ettore Castellani