FORTDAX
Après deux années d’existence jalonnées par quelques sorties sur Earworm et Static Caravan, un remix d’un titre du dernier album de Piano Magic, « Certainty », voilà que Darren Durham alias FortDax débarque en grande pompe grâce à un premier album, « Jolly », sorti début avril chez Tugboat/PIAS, et en live en première partie de Tarentel à la Guinguette Pirate. Fines mélodies, chants nippons et sonorités eighties au programme.
Après des sorties sur différents labels tu as signé sur Tugboat. Comment en es-tu arrivé là ?
Parce que je voulais prendre les choses plus au sérieux. La seule façon de faire cela en Angleterre, c’est avec l’argent qu’un plus gros label pourra te donner. C’est un simple problème économique, j’avais besoin d’argent pour vivre. Et aussi, je connais Glen (Johnson, capitaine du Tugboat) depuis longtemps car je suis fan de Piano Magic depuis des années. On s’est écrit, emailé, régulièrement avant de devenir amis. Et il m’a proposé de venir sur son label. C’était une décision mutuelle en fait. Sans cela, sans un gros label, je ne serais pas ici, en France, pour te parler.
Avant « Folly », tu as sorti des disques sur des « bedroom labels » comme Static Caravan ou Earworm. Que penses-tu du fait qu’ils disparaissent tous les uns après les autres ?
Ces « bedroom labels », comme Sarah Records, Wurlitzer Records, se sont souvent montés pour sortir quelque chose comme 100 singles, et quand ils ont accompli leur mission, ils s’arrêtent. Et je pense que c’est souvent très bien comme ça. Le problème c’est qu’il est difficile de gagner beaucoup d’argent quand tu es un petit label, donc si tu en montes un, tu dois être prêt à ce que ce soit quelque chose comme « a labour of love ». Les gens vraiment passionnés, comme Static Caravan, vont continuer, mais les gens pour lesquels l’argent est un peu plus important ou nécessaire vont avoir du mal à continuer ces temps-ci. C’est triste… mais j’ai toujours pensé qu’il y avait trop de labels, trop de disques qui sortent !
Tu n’as pas trop fait de concerts pour le moment…
Non, c’est le… neuvième ce soir !
Tu apprécies les concerts ou tu montes sur scène à contre-coeur ?
Je m’y suis habitué. Je ne sais pas vraiment si j’aime ça ou pas, si je préférais être en groupe ou tout seul. Tu t’habitues à être ton propre patron en fait. J’utilise des samples pour les voix, mais Cotton Casino, qui chante sur l’album vient avec les Acid Mother’s Temple en Angleterre en juin, donc on devrait essayer de faire des concerts ensemble.
Tu as fait la première partie de Low en février. Comment cela s’est-il passé, sachant que les concerts de Low ont une ambiance très particulière, avec un public également très particulier ?
Quatre des salles dans lesquelles nous avons joué étaient des chapelles. Et c’était parfait pour le son de Low, pour les harmonies vocales. Ca sonnait génialement, avec cette grosse reverb. Par contre, pour la musique électronique… et effectivement, les gens étaient là pour voir Low et se moquaient du groupe de première partie. A Birmingham, pendant que je jouais, devant la scène, il y avait des gens qui me tournaient le dos et lisaient un livre. C’est assez dur, même pour un public anglais ! D’un autre côté, d’autres personnes m’ont dit qu’elles avaient apprécié. Je pense que la musique électronique sonne sans doute mieux dans des lieux de taille plus réduite de toute façon.
Ta musique a été comparée dans certaines chroniques à celle de Michael Nyman. Qu’en penses-tu ?
Je ne sais pas comment est perçu Michael Nyman en France, mais en Angleterre il a une très mauvaise image. Trop commercial, trop de musiques de film, des musiques de pub… pourtant, il y a tellement de choses bien dans ce qu’il a fait, et, en particulier, une chose pour laquelle il est particulièrement doué : les mélodies et le rythme. Je ne sais pas pourquoi il est si décrié. Peut-être parce qu’on ne sait pas où le ranger. Peut-être parce qu’il gagne de l’argent grâce à des disques.
Comment procèdes-tu pour créer un morceau ?
Je pars la plupart du temps d’une mélodie que je trouve dans ma tête. Cela me prend 2 heures pour avoir cette idée, puis quinze jours pour la mettre en oeuvre, c’est la partie la plus difficile. La mélodie semble juste être là, quelque part dans ma tête, et le reste de la chanson se met en forme autour d’elle.
Ta musique est évocatrice d’images, est-ce que tu tentes de la visualiser, en quelque sorte ?
Je pense que oui, quand je commence à travailler à partir d’une mélodie, c’est comme si je partais de quelque part, un endroit que la mélodie m’évoque par exemple. Après deux semaines de travail, si tu as modifié la stéréo sur la rythmique ou quelque chose d’autre, le résultat est totalement différent. Heureusement, je peux faire confiance à mon instinct : si j’aime la mélodie de départ, je peux être à peu près sûr qu’au final j’aimerai ce que j’ai fait, même si à partir d’un certain point je suis incapable d’en juger, par ce que je manque de recul.