J’avais rendez-vous avec Françoiz Breut, dans le hall de son hôtel parisien, le lendemain d’un de ses concerts à l’Européen en mars dernier. Un concert excellent où les titres de son dernier album, « Une saison volée », viennent dynamiser un peu plus l’ensemble de son repertoire. C’est Françoiz qui entame la conversation…
Tu étais au concert hier soir ? (rires)
(Françoiz fait allusion à un trou de mémoire qu’elle a eu la veille, pendant le concert.)
Oui !!! C’était bien en même temps, je trouve. Tout le monde t’a applaudie ! C’était beau…
Oui, mais ça fait deux soirs que ça m’arrive au même endroit. En fait c’est une blague qu’on se fait avec mon sonorisateur en répet’ au moment d’une chanson, et c’est ressorti. Un truc stupide, en fait !
Françoiz, le grand public t’a connue d’abord comme l’amie de Dominique A aux côtés de qui tu as commencé par officier comme choriste, puis avec qui tu as chanté en duo. On a finalement l’impression que c’est davantage la chanson qui est venue vers toi que toi qui es venue vers la chanson.
C’est vrai que ça a été un hasard total ! Peut-être que si je n’avais pas rencontré Dominique, je n’aurais jamais chanté. De fil en aiguille j’y ai pris vraiment goût, bien qu’au départ j’étais très bien sur le côté, là, dans mon coin !
Pourtant tu faisais déjà un peu de musique, tu avais fait partie de groupes…
J’ai toujours écouté beaucoup de musique mais de là à en faire, ça me paraissait assez improbable… Au tout début, on avait notre groupe avec Dominique et ses musiciens (qui allaient devenir le groupe Perio, groupe de chez Lithium), et Pierre Bondu. On jouait dans des bars à Nantes, mais ce n’était pas très sérieux…
Et quel a été le déclencheur ?
En fait, c’est en prenant de plus en plus de plaisir à faire des concerts. C’est à la fin d’une tournée en 96 que Dominique m’a proposé des chansons pour faire un album entier, mais tout ça s’est fait de façon logique.
L’ombre de Dominique plane toujours sur ta musique, mais sur scène, et avec ce nouvel album tu as réussi à te démarquer de son univers.
C’est vrai que Dominique n’est pas intervenu cette fois-ci sur ce dernier disque au niveau de la production, contrairement au disque précédent. C’est vrai que ça a été lourd à porter car je n’avais plus ce soutien-là, il n’était plus là. Mais je voulais bosser avec des gens que je connaissais, et pas avec un producteur américain avec qui il aurait pu y avoir des problèmes de communication. Là, c’est mon sonorisateur de scène qui a produit le disque et on a arrangé avec mes musiciens.
Au niveau des arrangements, c’est toi qui décides ou les musiciens ?
Je n’ai pas spécialement d’idée au départ. C’est plutôt en travaillant avec le groupe qu’on trouve des arrangements. C’est un espèce de mix des idées de tout le monde. Mais parfois, on me propose un truc qui ne me plaît pas du tout… Alors, on recherche autre chose.
Et les créateurs des chansons ont leur mots à dire sur les arrangements ?
Non. C’est « advienne que pourra » ! Ils me font confiance. Il y a tellement de gens qui ont participé, ça aurait été compliqué de réunir tout le monde à chaque fois.
Ce qui est surprenant, justement sur « Une Saison volée », c’est la cohérence de ce disque alors qu’il y a beaucoup d’écritures différentes.
Ca me fait plaisir que tu dises ça, parce que ça me faisait peur justement. Il y a des artistes qui proviennent d’univers assez éclatés. Mais les chansons ont été difficiles à relier entre elles.
Tu a refusé des chansons ?
J’ai eu beaucoup de propositions des auteurs que j’ai sollicités J’ai fait le tri, parce qu’il y a eu des chansons super bien mais qui ne me correspondaient pas du tout…
Est-ce que tu fais des corrections aux chansons, en te disant « ce mot-là, dans ma bouche, ça ne passe pas » ?
En général, je les prends telles quelles. Je n’ai pas trop souvenir d’avoir fait ça… Peut-être sur une chanson de Dominique sur l’album précédent..
Et franchir le pas d’écrire toi-même les textes ? Ca paraîtrait une suite logique…
C’est ce que tout le monde me dit. Pourquoi tu n’écris pas ? Mais écrire une chanson c’est tellement difficile ! Ca ne s’improvise pas. Je m’essaye. Je prend mes petites notes. Ca m’intéresserait évidemment, mais comme je ne pratique pas la musique chez moi, je n’ai pas encore trouvé le temps de le faire.