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Okkervil River / Shearwater – Interview

Longtemps espérée, cette rencontre avec Jonathan Meiburg, double pilier d’Okkervil River et de Shearwater, n’a pas déçu. Disert et charmant, le jeune homme se laisse aller au jeu de la discussion, évoquant sa musique et sa passion pour les oiseaux avec le même enthousiasme communicatif, pour une interview fleuve sur les quais de la Seine, à deux pas de Notre-Dame.

Je vous ai aperçu hier sur scène et je vous ai également vu jouer avec Okkervil River il y a un mois. Vous semblez très différent quand vous jouez avec Okkervil River ou Shearwater. Vous étiez très grave hier soir tandis que vous êtes étonnamment souriant avec Okkervil River. Pourquoi ?
Simplement parce que j’aime Okkervil River et que je hais Shearwater (rires). C’est dû au fait qu’il y a deux types d’énergies très différentes avec ces deux groupes. Avec Okkervil River, j’estime que mon rôle est d’apporter autant d’énergie et de bonheur que possible, car nous sonnons beaucoup plus heavy. La plupart des chansons sont tristes, donc je pense qu’il est important de les équilibrer avec humour et beaucoup d’erreurs (rires). Shearwater a un type différent d’énergie qui est, je pense, beaucoup plus canalisée et c’est plus sérieux. C’est amusant aussi, mais moins enjoué.

Comparativement à Winged Life, qui était calme et aérien, Palo Santo est plus violent et douloureux. D’où vient cette différence ? Etait-ce voulu ?
C’était parfaitement voulu. Je trouvais qu’on avait fait du bon travail avec Winged Life, mais je voulais évoluer et faire quelque chose de différent. Je voulais faire quelque chose de très organique et, d’une certaine manière, effrayante. Hier, la première chose que j’ai faite a été de jouer au piano et de chanter le premier morceau de l’album, et vous savez, c’est d’abord très calme, la voix est très douce, et puis soudainement très forte et j’ai pu sentir le public sursauter. Et ça m’a fait très plaisir car c’est le but sur cet album. Je veux que l’auditeur ignore ce qui va venir, et que ça l’emmène d’une certaine manière dans un voyage musical. Il faut évoluer sans arrêt et s’intéresser à des choses différentes. Je pense qu’avec cet album, nous sommes vraiment parvenus à réaliser ce que je voulais. Il s’apparente plus à ce que j’ai toujours voulu faire. Je pense que certains éléments étaient déjà en gestation sur Winged Life, mais sur cet album c’est comme si ces choses étaient sublimées.

On dit que Shearwater était initialement conçu comme un projet parallèle à Okkervil River destiné à des chansons plus calmes. Est-ce vrai ?
Pas vraiment. (Jonathan Meiburg s’extasie sur un étourneau et son plumage). Quand Will Sheff et moi avons commencé Shearwater, c’était parce qu’il avait des morceaux qu’il n’utilisait pas pour Okkervil River. Okkervil River ne marchait pas très fort à l’époque et j’étais dans un autre groupe dans lequel je ne me sentais pas à ma place. Nous voulions créer un nouveau groupe pour nous tourner vers des choses que nous voulions faire ensemble sans pouvoir le faire.

Dans quelle mesure était-ce différent d’Okkervil River ?
C’est difficile à dire. A cette époque, Okkervil River était différent. C’était plus folk, avec une mandoline, un banjo, ce genre de choses, c’était donc un moyen de s’en démarquer pour Will et de faire quelque chose de plus mystique et de moins traditionnel. Et quant à moi, j’étais dans une sorte de groupe de pop-rock et je ne me sentais plus de continuer dans cette voie, donc c’était un moyen de passer à autre chose.

Vous occupez maintenant le rôle de leader de Shearwater tandis que Will Sheff dirige Okkervil River. Etait-ce une volonté de votre part de vous consacrer chacun à un groupe en particulier ?
Ce qui s’est passé, c’est que lorsque nous travaillions sur les démos de Palo Santo, pour lequel Will avait écrit quelques chansons, en considérant et en écoutant ces démos que nous avions, nous nous sommes aperçus que nous pouvions utiliser uniquement mes chansons parce qu’il nous a semblé qu’elles s’accordaient parfaitement en un ensemble cohérent. Et nous ne voulions pas faire un album où il n’y aurait eu qu’une ou deux chansons de Will, ce qui l’aurait déséquilibré.

Le prochain album de Shearwater sera donc plus orienté sur les chansons de Will ?
Ca se pourrait. Je n’en ai aucune idée. J’en doute mais on ne sait jamais.

Comment partagez vous vos chansons entre les deux projets ?
C’est difficile à dire. Certaines chansons ont été initiées dans un groupe et sont passées dans l’autre. Je veux bien sûr parler des chansons de Will, car je ne compose pas pour Okkervil River. Parfois Will a une chanson qu’il estime ne pas convenir pour Okkervil et il la réserve pour Shearwater, ou bien nous écrivons spécifiquement pour Shearwater. Il est difficile d’expliquer exactement comment ça se passe. Toujours est-il que je n’écris que pour Shearwater.

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