Tim Burgess est le chanteur des Charlatans, mais quand on le voit débarquer derrière ses lunettes carrées et son chapeau ska, on n’en est plus tout à fait sûr. C’est lui, le chanteur des Charlatans? Il est plus petit qu’on ne l’avait imaginé, plus chétif, plus juvénile. Par chance, il est aussi plus bavard qu’on ne pensait. Ça tombe bien, aujourd’hui, c’est interview. Quelques jours plus tôt, Tim et son groupe présentaient leur dernier album, le sympathique « Simpatico« , sur… le circuit des 24 Heures du Mans ! Ce qui fait une première question toute trouvée.
Les 24 Heures du Mans, c’était comment ?
Génial… C’était comme un festival, mais au bord d’un circuit de course. Les voitures continuaient à tourner en rond pendant le concert. On a pas mal de dates à venir en Europe, en Australie, au Japon. Paris avant la fin de l’année, si possible…
On entend des styles de musique pas vraiment pop sur « Simpatico » : du reggae, du dub, du funk… Qu’est-ce qui t’a influencé ?
J’ai écouté pas mal de reggae à la maison : Gregory Isaacs et Lee Scrath Perry en tête. J’ai aussi eu ma période Curtis Mayfield. Et Rob Collins est un grand fan de Bob Marley, donc c’est naturel d’en entendre sur cet album. Et puis on avait envie d’apporter quelque chose de nouveau à notre musique. Il faut toujours avoir quelque chose à explorer en musique.
C’était un vrai besoin ou une envie passagère ?
C’est quelque chose de compulsif : j’ai eu ma période Curtis Mayfied comme j’ai eu ma période Beach Boys, ma période Dylan.
Le morceau « Sunset & Vine » sonne très dub…
Je n’ai rien fait là-dessus, je n’ai pas écrit un mot, j’ai juste trouvé le titre car c’est un instrumental ! J’ai demandé à chanter mais finalement, c’était très bien sans moi. Très « loungy ».
Les Charlatans tournent caribéens !
Ouais ! Mais c’est normal : quand on vit comme moi à Los Angeles, on est au carrefour de beaucoup de cultures.
Tu vis à Los Angeles ?
A Hollywood.
Pourquoi ?
Pourquoi pas ? (rires) C’est une fille qui m’a fait venir là-bas. J’y vis depuis sept ans. J’en avais un peu marre de Londres, alors je me suis dit : laissons sa chance à Los Angeles. C’est une ville très inspirante. En surface, elle paraît vide, creuse, surtout dans la journée, mais le soir, on y trouve quelque chose de sombre, une culture underground, des clubs un peu dangereux… qu’on regarde à distance. C’est du bon voyeurisme ! C’est une ville électrique, pervertie, étrange. Et puis il y a le désert, l’océan, la montagne. Beaucoup de choses à explorer.
Ça influence ta musique ?
Oui, je pense. On entend des sons différents d’ici, à la radio, dans la rue. C’est une atmosphère différente, donc ça influence ta musique, clairement. Los Angeles est présente sur « Simpatico », comme elle l’était sur « Wonderland ».
J’écoutais le « live » des Charlatans avant de venir, et je suis encore frappé par les aigus très féminins de ta voix. Tu chantes plus bas sur « Simpatico »…
Tu as dû écouter « Judas » ou « Love Is the Key » sur le « live ». J’utilise beaucoup ma voix de tête, c’est vrai, ce qui donne parfois de bons résultats ! J’avais arrêté de fumer pour avoir cette voix. Ni alcool ni drogues! Et sur « Simpatico », tu trouves que je chante plus grave ?
Oui.
C’est vrai que ce « falsetto », c’est assez original dans la production pop.
Le précédent album des Charlatans, « Up at the Lake », a été accueilli assez tièdement…
A l’époque, tout le monde au sein du groupe voulait prendre des vacances pour faire des projets personnels. Je n’étais pas forcément d’accord, mais finalement j’ai accepté et je me suis dit que j’allais en profiter pour faire un album en solo. Six mois après, on me rappelle en me disant : « Il faut qu’on fasse un nouvel album ensemble ». Si j’ai toujours été à 100% dans les albums que je faisais, cette fois-ci, le contexte était différent. J’étais sur autre chose et les autres étaient jaloux du temps que je ne leur avais pas consacré… Il y a de bonnes chansons sur « Up at the lake », mais l’ensemble manque d’un concept fort. Par comparaison, « Simpatico » a une vraie identité.
Comment décrirais-tu cette identité ?
Noire, violente. L’impasse sombre de la pochette, façon Jack l’Eventreur, donne une bonne idée du ton. « Wonderland » était plus « Los Angeles + cocaïne ». Et « Up at the Lake » était plus : « Oops, je tombe dans le lac »!