Un début d’été à Marseille. Rencontre avec Mathieu Hocine, aka Kid Francescoli, l’auteur d’un des albums les plus prometteurs de 2006. En pleine composition de son deuxième opus, c’est un garçon disert que l’on découvre ; un amoureux d’une certaine musique qui sait ce qu’il doit à ses influences et qui reste humble face à ses maîtres en écriture.
DE LA GENESE
Kid Francescoli est un projet solo. C’est pour cela que ça s’appelle le Kid car je voulais qu’ il y ait une connotation projet solo. Au départ, je jouais de la batterie dans un groupe qui s’appelait « Le Vélodrom » et je voulais faire des morceaux seul dans mon coin. J’avais commencé à enregistrer et j’avais des idées différentes de ce que l’on faisait. C’était aux environs de 2000.
J’ai commencé à écrire des morceaux et à faire l’inverse de ce que je faisais en groupe. Je ne voulais pas obligatoirement avoir un couplet, un refrain avec une guitare qui joue la même partie pendant tout le morceau. Je voulais des arrangements un peu soignés et des petits bidouillages informatiques. J’ai commencé ça tout seul. Après il y a un morceau qui est venu avec une sonorité légèrement italienne. C’est là que j’ai fait appel à Laetitia, qui a improvisé un air de voix, avec des paroles sur Vincent Gallo.
Comme il n’y avait pas vraiment de ligne de conduite, ça a été « Tiens, je vais faire un morceau en italien ». Et comme Laetitia parle couramment italien, je lui ai proposé d’écrire des paroles.
Au départ Kid Francescoli, c’est donc des arrangements soignés et un format qui ne soit pas trop standard ?
Les arrangements c’est important. Il s’agit néanmoins de bien doser, parce qu’il n’y a pas de limite quand tu es tout seul devant ton ordinateur. En groupe, on est cinq dans un local et chacun fait sa partie. Là, tu es chez toi, tu mets une couche de synthé, une autre, un glockenspiel ; tu doubles des trucs. On a fait ce morceau qui s’appelle, « Vincent Une Attore », un autre morceau qui s’est présenté comme ça qui a été « Villa Borghese » ; c’était un morceau instrumental mais je n’avais pas vraiment la clef parce que, sur un instrumental, tu te poses toujours la question de savoir si ça va être vraiment un instrumental. Tu te dis toujours qu’il va y avoir un air de voix ou que ça ne peut être qu’une partie d’un morceau chanté. Finalement Laetitia a trouvé ces vocalises qui font un peu écclesiastiques et qui ont clôturé ce titre. C’est exactement ce qui lui manquait.
Au départ, on a donc fait ces morceaux tout les deux. Puis, en 2004, j’ai fait écouter mes compositions, via Benjamin des « Parties Fines » (NDLR : célèbres soirées marseillaises), à Nicolas Danglade, du label des Chroniques Sonores. A cette époque, il devait sortir une compilation « L’Heure Pop » et il s’interessait à des groupes. Ce qui lui avait plu dans les démos, c’était ces deux morceaux à consonance italienne. Ça amenait une touche d’originalité. Une fois que les deux morceaux furent sur la compilation, il m’a proposé d’enregistrer plus tard un album quand j’aurais assez de matériel à lui proposer. Mais surtout, il m’a demandé de faire plusieurs concerts. Il a donc fallu s’entourer, forcément. Moi, à l’époque, j’avais surtout la hantise de retranscrire mes chansons sur scène. Les différentes tournées m’ont appris, par la suite, qu’ il faut essayer d’amener l’essentiel des mélodies et surtout faire partager au public l’amour que tu as pour tes propres morceaux sans forcément essayer de jouer, avec obsession, le moindre arrangement de l’album.
Pourtant sur scène, vous êtes assez proches de l’album ?
Voilà le problème, mais j’ai appris à m’en défaire au fil des concerts. Ma hantise, c’était de me dire : « Mais cet arrangement, qui va le faire ? ». Du coup au départ, je me suis beaucoup entouré : on était sept sur scène. Il s’est avéré que c’était logistiquement ingérable. En plus, ce qui ne me plaisait pas, c’est que nous étions sept mais qu’il n’y avait pas de batteur. Il y a des groupes comme Belle And Sebastian ou même I Am From Barcelona ou les Polyphonic Spree qui sont vingt sur scène mais chaque personne fait quelque chose. Là, on était sept, il y avait trois guitares et ça n’avait pas de sens. On en est donc arrivé à la formule à quatre avec Olivier qui joue de la basse et David qui joue des claviers. Ces personnes ont participé au disque, pas forcément à la composition, mais aux arrangements. Certains on fait une ligne de basse ou un clavier. Surtout, David a quasiment écrit « Roma-Hollywood » : il a écrit les paroles en italien pour Laetitia et moi je l’ai simplement arrangé.
Marseille n’a pas la réputation d’être une ville particulièrement « pop », comment est-ce que tu y es venu ?
Je suis arrivé à cette musique par les soirées Loaded au Trolleybus organisées par l’association du même nom. C’était en pleine période Brit pop. A l’époque, ils passaient Supergrass, Blur, Echobelly et tout ça, sauf qu’il y avait aussi un peu de culture indie dans ces soirées. Comme ça, j’ai découvert les Pixies, Sonic Youth. Après, je suis entré de plein pied dans ce style musical même si ça a été un peu difficile par rapport au peu de groupes de ce genre qui viennent jouer ici. On a toutefois été assez pour avoir des disques à s’échanger et avoir des discussions sur les groupes.
A titre personnel, quelles sont tes principales influences ?
Les influences entre le moment où tu découvres la musique et celui où tu fais ton premier disque sont assez différentes. A un moment, mon maître à penser c’était Noel Gallagher. Je ne pense pas que ça se ressente vraiment sur le premier album. En fait, les influences sur ce disque sont clairement Air, Grandaddy, un peu de Ennio Morricone, et des groupes comme Jesus And Mary Chain, les Beach Boys. C’est surtout dans les mélodies et le fait que la voix soit toujours un peu noyée. Ça, je ne m’en suis vraiment rendu compte qu’après qu’on me l’ait dit. Même si My Bloody Valentine et Jesus and Mary Chain sont des groupes que j’écoute, ce ne sont pas des groupes qui me servent de modèle quand je compose, contrairement à Air ou Grandaddy.