MÉLANIE PAIN
Mélanie Pain est à l’image de son premier album solo, « My Name » (Cinq7/Wagram) : à la fois pétulante et réfléchie, modeste et déterminée. Celle qui ne fut longtemps qu’une (belle) voix plus ou moins anonyme – chez Nouvelle Vague notamment -, vole enfin de ses propres ailes et sous son propre nom. Avec, certes, quelques talentueux copilotes qui ont su lui écrire des mélodies, des textes et des arrangements sur mesure. Petite discussion dans un immense bar d’hôtel, à propos d’elle et des autres, de Julien Doré à Ian McCulloch.
Bonjour, Mélanie. Commençons, si tu veux bien, en évoquant ton parcours. Je crois qu’avant cet album solo, tu as collaboré à plusieurs projets…
Oui, le premier c’était Villeneuve, avec Benoît de Villeneuve, ça a dû sortir chez Pias en 2005. Il m’avait demandé de chanter sur son album, il ne savait pas trop le genre de voix qu’il voulait au départ. Finalement, il a gardé la mienne, et son disque s’est retrouvé sur le bureau de pas mal de gens. A la même époque, j’ai fait des choeurs pour M83, j’ai rencontré Marc Collin de Nouvelle Vague, Glen Johnson de Piano Magic qui a fait appel à moi pour le disque de Future Conditional… Beaucoup de featurings, donc. J’ai commencé en n’étant qu’une voix… (sourire)
Mais au départ, tu n’envisageais pas vraiment d’être chanteuse ?
Pas du tout. J’ai fait des études, j’avais un boulot sérieux, j’étais bien dans ma vie… (rires) Et puis il y a eu cet album de Villeneuve, Nouvelle Vague qui m’a demandé de faire des concerts avec eux – à l’époque, il y avait aussi Camille -, et j’ai vraiment découvert que je me sentais bien sur scène. Je me suis alors demandé pourquoi j’avais fait toutes ces études avant, plutôt que de prendre des cours de chant (rires). Ca fait cinq ans que je ne fais que ça, et même si ça a commencé complètement par hasard, aujourd’hui chanter m’apparaît comme une évidence.
Etais-tu familière avec les morceaux new wave et post-punk que tu as interprétés pour Nouvelle Vague ? Je sais que ce n’était pas du tout l’univers musical de Camille, par exemple.
C’était plutôt ce qu’écoutaient mes grandes sœurs, qui avaient des T-shirts Joy Division, tout ça… Moi, j’étais plutôt Nirvana, Sonic Youth, le rock indé des années 90. La musique des années 80, je trouvais ça un peu tristounet, et puis ce n’était pas ma génération. Bon, j’étais aussi fan de gens comme Nick Cave, qui font le lien avec cette époque-là. Donc j’avais quand même des atomes crochus avec ces chansons, même si je les connaissais moins bien que Marc Collin et Olivier Libaux. En tout cas, je n’avais aucun a priori, je les ai interprétées de la même façon que celles de Villeneuve qui étaient des compositions originales. De toute façon, j’étais tellement « pas chanteuse » que j’ai fait ce que je pouvais.
Je pense qu’ils recherchaient justement des voix qui ne soient pas trop formatées.
Oui, tout à fait, ils avaient envie d’une certaine spontanéité.
A l’inverse, ton album solo me semble une œuvre longuement mûrie.
Disons que ça s’est fait en deux périodes. J’ai eu très vite l’envie d’avoir des chansons en français, dès le début de Nouvelle Vague, car je sentais que ça me plaisait d’être chanteuse. C’est de cette époque, il y a environ quatre ans, que datent des morceaux comme « Helsinki », « Peut-être pas » ou « La Cigarette ». J’ai commencé à faire quelques concerts, avec un répertoire uniquement en français. Et puis j’ai pris un peu confiance en moi, j’ai commencé à écrire des textes en anglais et à rencontrer des musiciens que j’appréciais pour leur proposer de travailler avec moi. L’album a alors pris un ton plus lumineux, léger, tout en restant sur des thèmes qui me touchent : la rupture, les relations qui s’effilochent sans qu’on s’en rende compte, mais avec un côté un peu plus gai. J’aime bien le mélange des deux langues, je ne me voyais pas faire un album tout en français ou tout en anglais.