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N U I T – Interview

Un son singulier qui s’installe dans l’oreille dès la première écoute, un univers visuel mystérieux, N U I T conjugue les ingrédients qui intriguent. On est allé à la rencontre de William, la voix noctambule du groupe. 

Qui se trouve derrière les quatre lettres N U I T ?

Moi-même William, je chante et joue de la guitare, Julien et Sébastien sont aux claviers et aux machines et Gaëtan est à la batterie et aux machines rythmiques.

Gaëtan, Julien et Sébastien résident au Havre tandis que tu résides à Paris. Comment le groupe s’est formé ?

Le groupe a été formé par Julien et Guillaume au début de l’été 2013, au détour de différents projets qu’ils avaient auparavant. Je connaissais Julien de l’époque où il travaillait avec Craig Walker (ex-chanteur d’Archive) avec qui je travaillais également sur la partie production de son label. Julien et moi nous sommes rencontrés en 2010 et sommes restés en contact, chacun menant ses projets de son côté. En 2013, au moment où Julien a formé N U I T avec Guillaume, il m’a envoyé quelques chansons pour avoir mon avis et moi mes chansons pour avoir le sien et notre complicité s’est créée comme cela. Il aimait bien ma voix et moi leurs compositions donc on a essayé quelque chose et cela a fonctionné. Le projet est né en août 2013 à trois dans un premier temps. Au départ, le projet était à 100% électronique puis Gaëtan est arrivé assez vite. En plus d’être musicien, il est ingénieur du son et Julien lui a proposé de travailler sur nos morceaux. Gaëtan a suggéré d’ajouter de la batterie et nous sommes arrivés à un groupe de quatre personnes. La batterie a apporté quelque chose de vivant, naturel et acoustique. En tant qu’ingénieur du son, Gaëtan a amené sa technique et on a pu toucher plus vite à une identité propre.

On pourrait qualifier votre musique comme allant de l’electronica de Massive Attack à l’électro-rock de Radiohead. Vous faites un cover original de « Do I Wanna I know » d’Arctic Monkeys. Quelles sont les influences du groupe ?

On a chacun des influences diverses mais on se recoupe sur beaucoup d’artistes comme Archive qui a été une révélation pour Julien et moi. Arctic Monkeys également pour le côté plus rock, plus vivant du projet. On peut aller plus loin dans les influences, jusqu’à Massive Attack en effet, peut-être moins Radiohead sauf pour Sébastien qui a rejoint le projet après.

Sur scène, la base instrumentale fait plutôt penser à des groupes atmosphériques comme Boards of Canada ou Mogwai. Est-ce que le choix de poser une voix sur la musique de N U I T s’est imposé d’emblée ?

Mogwai en effet. Assez naturellement, on voulait faire de la musique électronique, pas parce que cela fonctionne en ce moment mais on voulait du chant aussi du fait de nos influences personnelles. Il y a du chant dans la majorité des groupes qu’on écoute et on voulait faire une musique sur laquelle les gens n’allaient pas uniquement danser mais qu’ils pouvaient écouter et à laquelle ils puissent s’identifier. Le chant est le meilleur moyen de toucher la sensibilité des gens. 

N U I T c’est un son singulier qui s’installe dans l’oreille dès la première écoute, comment composez-vous ?

On compose à huit mains, une idée vient de l’un des membres, on se fait passer les démos par Internet. J’aime recevoir des démos très épurées, avec peu d’instruments, pas forcément de structure pour que je puisse rapidement trouver une voix sur la démo. Quand je l’ai trouvée, je peux la faire passer à Julien, qui la fera passer à Sébastien. On va assez vite en production, en home studio ou en studio complet. Gaëtan travaille pour le studio Honolulu. On essaye d’aller le plus vite possible en studio avec plusieurs maquettes et on arrive assez rapidement à un résultat définitif.

L’univers visuel de N U I T est intriguant (design graphique, réalisation des clips, site Internet, scénographie). Sur scène, on vous distingue à peine. Vous cultivez un certain mystère ?

C’est un vrai parti pris, pas forcément pour cultiver le mystère de la personne. Quand on a décidé de sortir l’EP, on a choisi de ne pas se mettre en avant en tant que personnes mais de mettre la musique en avant, de créer une bulle, quelque chose de spectaculaire et singulier. Maintenant on s’adresse à un public live, chose à laquelle on n’avait pas pensé en démarrant le projet, on s’est dit qu’il fallait continuer à mettre l’univers en avant. Cela faisait sens d’utiliser une scénographie qui nous cache et permette de donner à la musique toute l’ampleur qu’on souhaite lui donner.

Les 4 titres de votre EP font l’objet d’une suite de clips très soignés sous forme de chapitres. Quelle histoire avez-vous voulu raconter à travers ses vidéos filmées par différents réalisateurs (Aurèle Lavalle, Camille Cotteverte, Thomas Skrobek, Cédric Rolando) ?

Les clips, à la base, intègrent l’idée qu’on se faisait du projet. On pense que notre musique a un aspect visuel, plus ou moins fort selon les morceaux. On a pris le parti de travailler avec des gens différents qui ont des sensibilités propres. On leur a donné carte blanche.

Vous avez présenté votre première création en décembre lors du Winter Camp Festival à l’issue d’une résidence au Tetris, qu’est-ce que cela vous a permis de travailler ?

Tout l’aspect spectacle, les lumières, le son. Ce n’est pas simple de mettre autant de machines sur scène et de retranscrire ce qu’on a fait sur le disque. C’était un vrai challenge quand on s’est lancé dans le live pour arriver à l’objectif de nous mettre en retrait en tant que personnes et de faire en sorte que ce soit spectaculaire, pas que les gens en prennent plein la vue mais que ce soit cool de venir nous voir pour assister à un spectacle complet.

Un journaliste du Monde présent à un premier concert, c’est assez rare… On vous en a parlé après ?

C’est même incroyable. On ne s’y attendait vraiment pas. Matthieu Lechevallier, qui gère la pépinière au Havre, est venu nous l’annoncer pendant la résidence. On savait qu’un journaliste venait mais on pensait que c’était pour la soirée du Winter Camp. Au fil des jours, on a su qu’il venait pour nous et le jour même, juste après l’interview avec Aureliano Tonet, on a su que c’était pour le journal papier. On pensait que c’était pour le web, ce qui était déjà très cool mais c’était encore plus incroyable d’avoir un trois quart de page avec photo. Pour un premier concert, on n’y croyait pas. Jusqu’au moment de l’interview et même après, on s’attendait à un petit encart. 

Deux mois plus tard, vous êtes sélectionnés pour les auditions du Printemps de Bourges, avec quatre autres formations dont Aloha Orchestra avec laquelle vous vous partagez Gaëtan, le batteur ! Comment avez-vous appréhendé ce second live ?

On s’est retrouvé une nouvelle fois avec un gros enjeu et beaucoup de pression. On s’est demandé ce qu’on faisait là. Au final, on a cette force de travail, on est sérieux donc on s’est vite retrouvés en studio au Tetris en lien avec la Papa’s Production qui nous a accompagné, fourni un local de répétition où l’on va quand on veut, c’est royal ! On a vite travaillé pour se préparer pour cette date à 100% sans se dire « on va gagner ». On sait qu’à côté de nous, les groupes on déjà fait plein de concert, comme Aloha Orchestra qui fait la première partie de Julien Doré en ce moment. On est arrivé non pas avec de l’appréhension pour le résultat mais plus avec l’appréhension de faire mieux que le premier concert et de prendre du plaisir, ce qui est difficile lorsqu’il y a un enjeu. Au final, on s’est beaucoup amusé et on est très content car le retour du public était bon.

N U I T est parmi les six lauréats qui se produiront au festival Chorus (avec Alpes, Bloum, Cotton Claw, Ropoporose). Et après, quels sont vos projets ? Des dates de concerts, une nouvelle résidence, des contacts avec des labels et éditeurs…

L’article du Monde a déclenché pas mal de choses pour nous et nous a permis de toucher une presse nationale, ce qui était inespéré. On a su rebondir sur les différentes sollicitations de la part du milieu professionnel. Le fait d’avoir été sélectionné pour les Inouïs nous a donné une caution et une plateforme de communication. On a pu exister un peu plus vite que si on avait choisi de tourner seul. On a des sollicitations en label, en édition, en tour management. On est en discussion, on ne veut pas prendre de décision hâtive. On va laisser passer Chorus et se concentrer là dessus. A la suite des résultats pour Bourges et Chorus, quels que soient les résultats, on prendra une décision pour savoir avec qui on va travailler d’ici avril. 

Pendant l’audition pour Bourges, vous avez interprété deux titres qui ne sont pas sur l’EP : « Looking for Gold » et « Hold Your Horses ». Est-ce qu’un nouvel EP est en préparation ?

Exactement, il devrait sortir en avril. Ce sera notre dernière autoproduction. On arrive au bout de ce qu’on peut faire en autoproduction en termes de financements et d’infrastructures. Les morceaux sont prêts et doivent être mixés, certains nécessitent de repasser en studio mais la majorité est faite. L’EP sortira assez vite avec une nouvelle fois des clips car on veut garder cette identité de musique, graphisme et vidéo.

Si je devais présenter N U I T à quelqu’un qui ne connaît pas, qu’aimerais-tu que je retienne de cette entrevue ?

On est partis avec de l’ambition mais cela reste de la musique. Si N U I T a un son singulier, c’est que l’on travaille à cela. On veut faire quelque chose propre à nous-même et proposer quelque chose de nouveau qui puisse plaire, par forcément à tout le monde mais rencontrer son public et que les gens entrent dans notre univers.

A quelle question, que je n’ai pas posée, aurais-tu souhaité répondre ?

C’est une question difficile. Tu as bien cerné le projet. Peut-être sur le nom. C’est une question qui revient. Il n’y a pas de raison particulière. Le nom sonne bien, il est court, simple, facile à retenir. Je trouve qu’il répond bien à l’idée qu’on se fait du projet.

Musique pour noctambule ?

Peut-être, bien que je travaille majoritairement la journée. Ce qui revient souvent dans les paroles c’est que la nuit est un univers différent et les gens sont différents la nuit, se révèlent, laissent transparaître leurs travers ou au contraire ce qu’ils ont de plus beau. Il y a aussi le côté conceptuel, l’idée qu’on se fait de la nuit, la plupart des intrigues se passent la nuit !

 

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