FESTIVAL STONE AGE – Regular Fries – Erik Arnaud – Mogwai – La Cigale, 21 mai 1999
Après Richard Davies l’an passé et Sophia et Swell l’année précédente, le festival Stone Age nous propose cette année encore un beau plateau avec les écossais de Mogwai en tête d’affiche, statut renforcé par l’absence de dernière minute des Super Fury Animals. Apparemment, tout le monde attend Mogwai…
KILL YOUR TELEVISIONS
Juste avant le début du concert, une charmante jeune fille me demande de répondre à un petit sondage sur « les concerts » : à la question « que regardez-vous pendant un concert ? « , je n’ai pas trop le choix, je ne peux répondre que « a) le chanteur » ou « b) les musiciens ». Avec les Regular Fries, il faudrait pouvoir répondre « c) la télévision », parce qu’il y en a bien une demie-douzaine sur scène, diffusant en boucle des extraits de Super Jaimie, Spiderman, Pierrot le Fou ou Cabaret, le tout volant assez facilement la vedette aux deux chanteurs présumés du groupe, aussi charismatiques qu’une espadrille. Les musiciens tiennent la route, on se surprend à agiter les tibias en rythme, en souvenir de nos jeunes années baggy sans doute. Si un jour il leur prend l’envie d’essayer de contruire des morceaux dignes de ce nom (on n’est pas trop exigeant, on ne leur demande pas d’écrire de vraies chansons quand même), peut-être les Happy Mondays pourront-ils s’inquiéter pour leur retraite. Seule idée marrante : un « R » et un « F » en polystyrène géant jetés en pature à un public plutôt joueur (coucou à la jeune fille qui, trop occupée à regarder Belmondo se barbouiller de peinture bleue, s’est prise le « F » sur la tête).
MA CHANSON FRANÇAISE
Difficile de parler de la prestation d’Erik Arnaud : ses chansons sont bonnes, mais pas franchement taillées pour la scène et les paroles passent un peu à la trappe. Il s’en tire pourtant plutôt bien, mais sans grands éclats, qui plus est devant un public pas trop réceptif. C’est bien dommage : (petite) déception.
LA CLAQUE
J’ai mis du temps à céder à Mogwai, un peu réticent à me laisser convaincre par la musique pratiquement instrumentale des jeunes Ecossais, dont je pensais qu’ils avaient trop écouté « Dead Souls » et « Faith » quand ils étaient petits. Finalement, ça tombait bien moi aussi… Une fois reglé ce petit malentendu, tous les éléments étaient réunis pour que je me prenne la grande claque suscitée.
D’abord, Mogwai apparait sur scène tel qu’il est : la musique passe d’abord. Tout juste remarque-t-on que les spots sont davantage braqués sur Stuart que sur les autres. Pas de jeu de scène guignolesque ou de C, O, D ou Y en polystyrène. Dès les premières mesures, l’évidence s’impose : puissante et émotive, à la fois instinctive et réflêchie, tendue ou sublime d’abandon, la musique de Mogwai met à genoux tout le public. Le son est extraordinaire, restituant aussi bien les formidables entrelacs mélodiques des arpèges de Stuart que les montées de violence que le groupe assène à l’unisson. C’est doux et beau, ça hurle parfois mais c’est aussi beau même – surtout ? – quand ça hurle.
MOGWAI : 3 – SATAN : 0
Mogwai joue avec nos nerfs et on doit aimer ça. Un « Mogwai vs Satan » épique finit de nous achever. Après un rappel, le groupe s’en va déjà : pas sûr que mon coeur aurait pu résister plus longtemps. Je titube béatement vers l’extérieur, puis sur le boulevard : avec les lettres M, O, G, W, A et I, je sais maintenant qu’on peut écrire BONHEUR. C’est peut-être pas un très bon coup au Scrabble, mais tant pis : attention, groupe compte triple.
Snoopy