Festival « La Chienlit- Volume1 » – l’Austrasique (Nancy)
(Lowell – Madrid – High Tone – Big Dub Sound System)
1er Décembre 2000, la pluie et la buée sur le pare-brise transforment les bâtiments en formes oblongues et les rues en longues nuées grisâtres. Décidant de me garer pour continuer ma recherche à pieds, je me rends compte que je suis pratiquement sous la bâche plastique frappée du slogan «l’Austrasique» en lettres fluos qui indique (j’en suis persuadé!!!) l’entrée du lieu tant convoité.
Au sous-sol, Lowell est déjà sur scène, martelant la batterie et torturant tout ce qui peut ressembler à un micro. Leur prestation s’éternise et fait penser à du Purr sans inspiration, le batteur est pourtant bon et le son correct mais rien n’y fait : leur post-jenesaiskoi manque d’un peu de tout. Ça a toutefois eu l’air de plaire aux quelques cent personnes réunies dans ces caves.
L’air se fait de plus en plus rare et humide, mais Madrid va entrer en piste. Patience…
Pour tout matériel, une grande table jonchée de fils, de pédales d’effets, une grosse caisse noire pleins de voyants clignotants et sur le coin, une guitare et une basse.
Les quatres madrilènes s’assoient autour des claviers sans un applaudissement dans la salle, les machines ronronnent, au loin des canards, poursuivis par la musique épurée, envoutante de minimalisme. Bientôt la pluie, les chiens et les harpèges arrondis. La moitié de la salle est assise ou couchée et l’autre siffle ou engueule le guitariste qui s’évertue à en faire le moins possible. Impossible de distinguer un quelconque refrain à reprendre en cœur ou un riff entêtant: leurs improvisations sont faites de mélodies proches du chaos et de rythmes asthmatiques qui s’étirent en longueur.
Ils se toisent et sourient longuement, se lèvent et quittent la scène comme ils l’ont investie: dans l’anonymat le plus complet…
Le charme de Madrid a opéré, le dub pourra attendre… fermer les yeux: demain il fera clair !