LA ROUTE DU ROCK – Collection Hiver 2007 : Low, Clinic, Sophia, Saroos, The Blood Arm, Adam Kesher, Paula Frazer & Tarnation…
Une météo clémente et l’air de la côte nous ont poussés à rejoindre le week-end du 16 et du 17 février la bonne ville de Saint-Malo où La Route du Rock tenait ses quartiers d’hiver. Les habitudes estivales étaient de mise, soit une programmation variée, mêlant jeunes pousses et vieux briscards, pop, rock et électro.
Ouverture des réjouissances à l’Omnibus (très, très bonne salle) le vendredi soir avec Saroos, Sophia, Clinic et The Blood Arm.
Saroos, trio allemand (machines, basse, batterie) issu des formations Lali Puna et Iso68 sort un set instrumental à l’intérêt essentiellement rythmique. Il manque à cette prestation soit un MC qui la rapprocherait d’un hip-hop à la Anticon, soit des guitares pop façon The Notwist pour remporter la mise. Un peu froid donc. Mais l’émotion ne tarde pas à venir puisque Robin Proper-Sheppard s’empare de la scène, copieusement accompagné de 5 musiciens. À l’instar de ses albums, Sophia souffle le chaud et le froid, ou plutôt le calme et la tempête. Après un début un poil laborieux, la machine se met en marche et crache vapeur, soufre et lave. Il faudra un final rageur à cinq guitares toutes voiles dehors pour la stopper. Magistral.
Les Liverpuldiens de Clinic ont alors une heure pour nous remettre sur pied. Parés de leurs tenues de chirurgiens, coiffés de chapeaux haut-de-forme, ils s’y emploient en faisant tourner en boucle leur unique chanson. Pas toujours convaincant, mais tout de même efficace pour faire bouger les guibolles, leur élixir emprunte beaucoup à la surf music. On navigue sur une seule et unique vague, et parfois c’est la bonne. Vient enfin la hype de la soirée, from L.A., California ! La hyène Nathaniel Fregoso mène sa meute à l’assaut des petits moutons. Racoleur à souhait mais tellement sympathique, le showman emporte la mise dès le troisième titre. Brouillon mais joueur, énergique en diable, The Blood Arm régale l’assemblée.
Les beautés de Cancale auront raison le lendemain du Palais du Grand Large, nous manquerons donc Belone Quartet , aMute, Max Richter et Shannon Wright.
Le festival reprend calmement avec les Mancuniens de Working For A Nuclear Free City, qui prouvent non seulement qu’il devient de plus en plus difficile de trouver des noms de groupe, mais également que la noisy pop peut encore se renouveler. Entre Ride et Primal Scream, ces quatre jeunes Anglais proposent une musique construite entre shoegazing et digressions techno/psyché du plus bel effet. Le rendu sur scène souffre ce soir-là d’un certain manque d’expérience, d’où un set un peu trop hypnotique, pas assez accrocheur. Trop jeune et à revoir donc.
Tout le monde est là ce soir pour Low, aussi joueront-ils devant un public attentif et déjà acquis à la cause. Il faut dire que les Américains le méritent bien, égrenant leur répertoire d’une manière simple et classieuse. Le trio attaque de manière dépouillée les morceaux les plus connus (avec une petite préférence pour ceux du "Great Destroyer") ainsi que des titres du nouvel opus à sortir, "Drums and Guns". Alan Sparhawk tient adroitement la scène, laissant transparaître une tension indicible ponctuée d’accès de rage brefs mais intenses. Mimi Parker, plus discrète, soutient le rythme et prête à l’occasion sa voix aux mélodies fiévreuses du combo.
C’est seule que Paula Frazer commence son concert, avec quatre titres acoustiques de néo-country très mélancoliques. Rien de surprenant donc de la part de l’Américaine qui magnifie ses morceaux par son chant éthéré et aérien toujours aussi envoûtant. Ensuite rejointe par ses Tarnation pour finalement continuer dans la même veine, elle nous rejoue dix fois la même chanson, semble-t-il. Mais les titres sont bons, courts et nous font replonger avec délectation dans les 90’s.
Les Bordelais d’Adam Kesher clôturent cette soirée à l’Omnibus. Cela commence très fort, les six compères martèlent un rock dancefloor trépidant à rendre jaloux les Klaxons. Le résultat est très convaincant sur les trois premiers morceaux, puis le combo nous offre une bonne reprise de Para One juste avant de commencer à nous ennuyer. La machine, malgré les efforts de son charismatique chanteur, copie de Johnny Borrell, tourne en rond, ou à vide c’est selon. Une chance, le set, rappels compris, est bouclé en moins de trente minutes.
Le lendemain, faute d’Oscillococcinum, point de Jóhann Jóhannsonn à la Chapelle Saint Sauveur.
Vincent & François Le Doeuff
Photos par Nicolas Joubard.