CALVI ON THE ROCKS – 4-7 Juillet 2008
Dans l’estival supermarché du festivisme généralisé, il est un produit sortant tellement du lot qu’il est surprenant que le secret soit si bien gardé. Cela fait six ans que chaque mois de juillet, la magnifique citadelle de Calvi accueille à ses pieds l’une des « manifestations culturelles » les plus branchées et aguicheuses qui soient.
Calvi On the Rocks, c’est un peu l’anti-Vieilles Charrues par excellence. Adieu jeunesse grégaire, intoxiquée au mauvais shit et bardée de tresses et de haillons kaki ! Exit les prestations déprimantes de Keny Arkana et des Fils de Teuhpu sous la pluie ! Du balai, ô milliers de tentes Quechua identiques, plantées dans des champs de cailloux puant le lisier jonchés de canettes de Blonderbrau, de carcasses de djembés et de punks à chiens comateux ! A Calvi, procession hédoniste et (encore un peu) confidentielle, on y croise des beautiful people en tongs : jeunesse dorée, figures plus ou moins connues de la hype parisienne mais aussi fauchés débrouillards et autres professionnels des soirées open-bar gratuites. Ces derniers jouent en terrain connu, puisque Absolut Vodka et Heineken sont deux des principaux partenaires du festival…
Le festival de Calvi on the Rocks, c’est d’abord un cadre paradisiaque. Que vous arriviez par avion ou par ferry, vous avez une vue magnifique sur la baie, ornée de la fameuse citadelle du XVe siècle, qui abrite entre autres la maison de Christophe Colomb et le cabaret dancing Chez Tao. Il faut prendre le temps de marcher dans les ruelles du centre, qui abritent de très belles maisons et d’indispensables coins d’ombre et de fraîcheur. Les Corses ont tout compris : ni immeubles résidentiels affreux ni casinos vulgaires ne viennent perturber le paysage côtier. Evidemment, comme l’économie de Calvi est portée à bout de bras par le tourisme estival (et l’eau de source Zilia), les terrasses en tout genre sont légion. A ce propos, ne vous étonnez pas si vous croisez souvent des sosies de Jean-Claude Van Damme, puisque Calvi abrite le 2e régiment de parachutistes de la Légion étrangère : 1 200 hommes sur un peu plus de 5 000 habitants !
Les festivités démarrent tous les jours vers 15h, sur la plage de l’Octopussy, où des DJ envoient progressivement la sauce afin de faire émerger les paires de fesses des matelas et des serviettes. Le soleil cogne, la mer est à 25°C, les jeux de plage vont bon train mais surtout, ô surtout, vous verrez rarement autant de belles filles non siliconées au mètre carré (une seule paire de faux seins repérée). Tandis que les gens cool et fortunés font péter le rosé Clos Landry à 24 € au bar de l’Octopussy, les vrais connaisseurs sirotent leur cubitainer 5 litres de Cuvée Jimmy acheté au Super U. La lutte des classes à Calvi, c’est pas encore pour demain : contrairement à la Côte d’Azur, aucun sous-prolétaire de banlieue à l’horizon. Mais qui donc deale aux jeunes UMP, ici ? Une des spécificités de COTR, c’est aussi sa petite taille et la proximité avec les artistes. On croise ainsi Para One en maillot, aussi blanc et peu musclé que mes amis et moi, ce qui est « vachement rassurant, au niveau du vécu, tu vois, y’a pas de discrimination ici, on est tous pareils » etc. James Murphy est plus facile à repérer (c’est le seul ours en liberté du coin), c’est aussi l’un des chouchous des clubbeurs à l’heure du thé.
Vers 19h, la plage se vide progressivement. Seuls restent quelques agités du bocal qui jouent au ballon ou au catch dans l’eau et les filles fragiles qui digèrent mal le cocktail alcool/soleil/Xanax. Le festival migre alors vers le Théâtre de Verdure, superbe site en plein air bordé par les murs de la citadelle, des cactus luxuriants et la mer qui lèche les rochers.