Loading...
Festivals

6e Rencontres du moyen métrage – Festival de Brive, du 1er au 6 avril 2009


 Pour qui aime le son autant que l’image, les Rencontres du moyen métrage de Brive donnent l’occasion de concilier durant quelques jours ses deux passions. Certes, c’est avant tout un festival où l’on voit des films (pas uniquement des moyens métrages, d’ailleurs), mais où l’élément musical est très présent. Pas tellement dans le jury cette année (pour la 5e édition, c’est Bertrand Burgalat qui le présidait), mais un peu partout ailleurs : ciné-concert en plein air sur « L’Inconnu » de Tod Browning, par This Is The Hello Monster! (John Cale s’y était déjà essayé il y a une quinzaine d’années) ; table ronde sur la musique au cinéma avec le compositeur Laurent Levesque (« Les Plages d’Agnès » de Varda, entre autres) ; présence de Serge Bozon, réalisateur truffant ses films de raretés sixties ; venue de Christophe, à qui avait été confiée une carte blanche… Et puis, bien sûr, des bandes-son qui faisaient tendre l’oreille. Il semblerait ainsi que pour toute une génération de réalisateurs (ayant entre la trentaine et la quarantaine, en gros), la cinéphilie aille de pair avec une grande connaissance de la musique, du rock et de la chanson particulièrement. Ce qui, nous semble-t-il, était moins le cas avant.


Je vous hais petites filles (DR)

Dans certains des seize moyens métrages en compétition (produits en France, même si les réalisateurs n’étaient pas forcément français), on a entendu du Monteverdi, du Archie Shepp ou du piano joué par Rasim Biyikli (moitié du duo français Man). Mais aussi des choses plus proches de celles dont on parle régulièrement sur ce site. Par exemple, dans « Je vous hais petites filles » de Yann Gonzalez, dont le titre est un clin d’œil à un morceau de Throbbing Gristle, « We Hate You Little Girls ». Voilà qui plante l’ambiance, franchement délétère. Très cru, le film va à fond dans le trash, et la chanteuse et actrice Kate Moran (vue au festival Art Rock en 2005 aux côtés de Pascal Rambert) donne beaucoup de sa personne. « Je vous hais… » tourne autour de la scène rock et le réalisateur y accumule les fétiches musicaux : scène live avec les Brats, « So Young But So Cold » de Kas Product sur la bande-son, personnage déguisé en membre de Devo, évocation des « jeunes gens modernes » du Palace, du punk français, de l’électro-pop froide du début des années 80… La musique originale est, elle, signée M83, soit Anthony Gonzalez, qui n’est autre que le frère de Yann. Tout cela fait un peu beaucoup, et on peut ne pas être très sensible au côté top destroy du film, qui aurait pu s’appeler « L’amour est plus froid que la mort » si Fassbinder n’avait pas déjà utilisé le titre. Reste qu’on y sent une indéniable sincérité, et que Gonzalez (garçon discret et souriant qui ne ressemble pas vraiment à son film) n’a rien d’un poseur ou d’un provocateur étalant sa culture musicale comme d’autres la confiture. On est assez curieux de voir la suite.

Plus âgé (il est né en 1964), Jean-Paul Civeyrac offre une B.O. impeccable à la demi-heure de « Malika s’est envolée ». Là aussi, une séquence live (grosse tendance cette année), avec les très cinégéniques John & Jehn. Et d’autres John en bande-son (Cage et Zorn), ainsi qu’Amalia Rodrigues, Joseph Leon, Animal Collective, Mary Deloatch (chanteuse de gospel des années 50)… On en oublie ou on en rajoute peut-être, on a recopié ces noms dans l’obscurité de la salle, alors que défilait le générique de fin. On se demande comment Civeyrac a pu caser autant de morceaux dans un film aussi court. Et le film en lui-même ? Quelques éclairs de beauté (les scènes de nuit à Gennevilliers, notamment), mais on a eu du mal à se passionner pour la trajectoire elliptique de ses personnages catatoniques et velléitaires. Ce qui est un peu embêtant pour un film qui évoque (de façon certes allusive) le sort des sans-papiers…

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *