FESTIVAL CINÉMA ET MUSIQUE DE CONTIS – Edition 2009
A Contis-Plage, dans les Landes, station balnéaire de la commune de Saint-Julien-en-Born, il y a pour l’essentiel une rue, descendant doucement vers la plage, bordée de bars et de restaurants encore bien remplis en cette fin de saison estivale. Et puis il y a une salle de cinéma, tenue par les inséparables Betty et Rainer, qui propose aussi bien les grosses sorties que des films plus pointus. Chaque mois de septembre, l’endroit accueille pendant quelques jours un petit festival où l’on voit essentiellement des courts et moyens métrages. Si l’on en parle ici, c’est qu’à Contis, comme aux Rencontres de Brive dont on s’est déjà fait l’écho dans ces pages, la musique est également très présente : à travers une programmation de concerts variée, mais aussi dans les films eux-mêmes, parfois, certains réalisateurs et réalisatrices partageant visiblement quelques obsessions avec les rédacteurs de POPnews.
Côté scène (installée dans l’Entracte, le très agréable bar attenant à la salle de projection), on découvre le vendredi soir le quartet Sapuary, venu d’Atibaia (près de Sao Paulo), ville dont le festival est partenaire de celui de Contis. Entre bossa, MPB (musique populaire brésilienne) et jazz, adaptations de standards et compositions originales, le groupe livre une musique peut-être un peu lisse au premier abord, mais très séduisante, et d’une grande richesse harmonique et rythmique. Est-il besoin d’ajouter que les quatre jeunes musiciens prennent un pied énorme et maîtrisent parfaitement leurs instruments ? Ben non, on a déjà précisé qu’ils étaient brésiliens…
Sapuary
Lili Cros et Thierry Chazelle, qui se produisent le samedi après-midi sur la même scène, sont, eux, tout à fait français. Un couple, mais pas tout à fait un duo, puisque chacun interprète ses propres chansons, accompagné par son partenaire. Deux voix, deux guitares, beaucoup d’humour, il n’en faut pas plus pour conquérir instantanément le public. C’est de la chanson française, avec un soin tout particulier apporté aux textes, mais avec une efficacité pop et une énergie presque rock. Il y a dans leur répertoire (enfin, dans celui de Thierry, plus précisément) un morceau appelé à devenir culte, écoutable sur sa page MySpace : « Le Client d’Erotika », sur la mythique salle des Trois Baudets à Pigalle, récemment rouverte, et qui fut pendant des années un sex-shop. Hilarant.
Lili Cros et Thierry Chazelle
Le soir, c’est encore tout à fait autre chose : Le Tigre des Platanes, quatre Toulousains, vieux briscards du jazz plus ou moins free et grands amateurs de musique éthiopienne (ils ont même joué là-bas). Leur répertoire puise abondamment à cette source de jouvence (ils reprennent notamment l’un des thèmes de Mulatu Astatke utilisé par Jim Jarmusch dans « Broken Flowers », histoire de faire le lien avec le cinéma) et va aussi chercher sa pitance du côté de quelques dynamiteurs du jazz comme l’Art Ensemble of Chicago, Lounge Lizards ou Medeski, Martin & Wood (si notre mémoire est bonne). Il y a un moteur dans Le Tigre, qui démarre au quart de tour et qu’il est bien difficile d’arrêter une fois qu’il s’est emballé. De toute façon, personne n’avait envie de dire « stop », et le quartette ne s’est pas fait prier pour offrir du rab. Un grand moment de musique libre.
Le Tigre des Platanes
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