LES FEMMES S’EN MÊLENT – Jessie Evans, LoneLady, Miss Platnum, Soap & Skin, Vuk, The Tiny, Sarah Blasko
Pour autant que nous ayons pu en juger, cette année le match se jouait à l’énergie et à la présence scénique. Et à ce jeu Jessie Evans, Jenny Wilson, Soap & Skin ou encore Miss Platnum étaient les plus fortes (mais pas toujours les plus subtiles). Côté émotion, nos coups de cœur iraient plutôt à Taxi Taxi !, Vuk et Lonelady. Retour sur un bon millésime.
Mardi 23 mars – La Maroquinerie – Peau, Jessie Evans, LoneLady
Mercredi 24 mars – L’Alhambra, Jack November, Soap & Skin
Vendredi 26 Mars – Institut Suédois – Taxi Taxi !
Samedi 27 mars – La Maroquinerie – La Fiancée, Vuk, Jenny Wilson
Mardi 30 mars – La Maroquinerie – Rock & Junior, Miss Platnum
Jeudi 1er avril – La Maroquinerie – Sidney Wayser, The Tiny, Sarah Blasko
La première soirée parisienne des Femmes s’en mêlent était sans doute l’une des plus hype de cette édition 2010, grâce à la présence de deux artistes ayant bénéficié d’une appréciable couverture médiatique : Jessie Evans et LoneLady. Les précédait sur la petite scène de la Maroquinerie un duo grenoblois qui n’a pas encore connu le même sort : Peau.
Soit Perrine Faillot à la voix, guitare acoustique et Wurlitzer, et Daniel Bartoletti à la guitare électrique et aux machines. Les deux jouent devant une sorte d’écran semi-translucide éclairé par derrière. Les jeux de lumière, laissant parfois les musiciens dans une quasi-obscurité, varient selon les morceaux, qui partent eux-mêmes dans des directions très différentes. Certains sont en français, d’autres en anglais ; chantés ou quasiment parlés ; la voix se contente parfois d’un accompagnement synthétique minimal, quand, à d’autres moments, le duo donne dans un rock assez brut, entre Laetitia Sheriff et The Kills. Même si Peau ne nous donne pas la chair de poule à tous les coups, l’ensemble est intrigant et joliment maîtrisé. A suivre.
Ceux qui avaient eu la chance d’assister à son concert aux dernières Trans Musicales, ou à sa Black Session la veille, nous avaient avertis : Jessie Evans, c’est de la dynamite. En voyant cette longue liane sexy débarquer sur scène moulée dans une combinaison à imprimé python, coiffée d’une tiare de carnaval et tenant dans chaque main une palme végétale (un détour par Jardiland ?), on en est immédiatement persuadé.
Un batteur – le redoutable Toby Dammit, qui a notamment joué avec Iggy Pop – et un percussionniste occupent chacun un côté de la scène, fournissant le groove le plus brûlant qu’on ait entendu depuis… les concerts d’Anthony Joseph & The Spasm Band l’année dernière, peut-être. Les morceaux en anglais et en espagnol de l’album « Is It Fire ? », qui touillent dans un grand chaudron soul, punk, salsa, électro-samba, free jazz, exotica, le tout dans une ambiance très cabaret (pas étonnant qu’elle se soit installée à Berlin), sont originaux et plutôt efficaces. Ils sont surtout transcendés par l’incroyable présence scénique de la Californienne. Il faut la voir se déhancher, se rouler par terre, arroser d’eau les premiers rangs (photographes inclus…) ou descendre de scène et se frayer un chemin dans la fosse. Quand son micro, débranché, s’avère inutilisable, elle s’empare tranquillement de celui de son saxophone et continue à chanter en attendant que les techniciens viennent arranger tout ça. Bref, on oublie vite qu’une partie de ce qu’on entend n’est pas joué live, mais sur bandes. Et on se dit qu’on est chanceux d’avoir pu voir cette espèce de créature de Frankenstein (des bouts de James Chance, Sun Ra, Peggy Lee, Morticia Addams et Alice Sapritch qu’auraient couturés un savant fou) dans une salle de petites dimensions ; vu le bouche-à-oreille, il y a fort à parier que Jessie la vamp joue devant beaucoup plus de monde à sa prochaine visite.
Après cette performance très « caliente » d’une bonne heure, on se disait que LoneLady risquait de rafraîchir quelque peu l’atmosphère. De fait, Julie Campbell (accompagnée d’un batteur métronomique et d’un clavier/machines, le producteur Guy Fixsen apparemment) n’a pas tout à fait le charisme de Jessie, et il faut attendre deux ou trois morceaux avant que le concert décolle. Et après ça, il n’en reste plus beaucoup, le set durant à peine quarante minutes. Dans un style très référencé early 80’s, sec et nerveux, la Mancunienne androgyne offre des chansons qui font souvent mouche. Ne lui reste plus qu’à regarder un peu plus le public et un peu moins le manche de sa guitare pour placer ses accords… Mais sur la foi d’une paire de singles imparables, on peut lui accorder la mansuétude qu’on réserve aux débutants.
[c’est habituellement Rob Ellis, vieux complice de PJ Harvey, qui l’accompagne à la batterie mais il ne m’a pas semblé que c’était lui ce soir-là…]
A lire sur Lonelady la chronique de « Nerve Up«