Après une très belle édition été, Vie Sauvage faisait sa soirée automnale. Après Bourg-sur-Gironde, port d’attache du festival, celui-ci posait les amarres toujours en Haute-Gironde, du côté de Saint-André de Cubzac. C’est dans la salle du Champ de Foire que la soirée va prendre place, devant un public agréablement mixte (familles, jeunes, habitués bordelais qui ont fait le déplacement).
Cliché ouvre la soirée avec un EP sous le bras et s’est forgé depuis un bon moment une belle réputation pour ses prestations scéniques. C’est pourtant la première fois que je vois les cinq jeunes musiciens qui démarrent pied au plancher pour convaincre l’audience. Le souci est que la configuration de la salle fait drôlement résonner la pop du groupe, qui espiègle et vivace se perd un peu dans l’ampleur du Champ de Foire. Il n’y a pourtant pas de quoi bouder son plaisir, tant Cliché a de tours dans son sac, évitant bien les redites pour rebondir d’un morceau à l’autre. Que les structures soient entêtantes et surréalistes comme “Helicon” ou directement efficaces (“Pas chat”, au texte délicieusement coquin), que les guitares se taillent la part du lion ou que la (très) bonne section rythmique mène la danse, Cliché fait mieux que bonne figure. La pop multifacettes du groupe, bien illustrée sur son EP de 5 titres, pourrait leur promettre un avenir qu’on leur souhaite radieux.
Pour Feu! Chatterton, c’est le présent qui est déjà radieux, avec une cote qui monte en flèche, auprès des médias mais aussi, et c’est le plus important, auprès du public. Celui-ci se retrouve bien dense devant la scène, on sent l’excitation monter à l’approche des premières notes. Celles-ci vont rapidement faire succomber l’audience déjà conquise qui a exactement ce qu’elle est venue chercher. Il y a donc un Arthur au chant théâtral, déclamatoire, passionné par son rôle central. Il y a quatre musiciens, talentueux et généreux. Il y a des chansons qui se jouent joliment des codes, sans les rendre caducs, juste en se les appropriant au gré de textes bien sentis. La voix erraillée du chanteur fait mouche, sur « A l’aube » ou « Côte concorde », elle suit le rythme endiablé des quatre musiciens sur « La Malinche », habite « Bic minimum » (il me semble plus court de fait que « Bic médium »). Et si la « Mort dans la pinède » rôde, Feu! Chatterton véhicule encore une certaine énergie, qu’on leur souhaite de garder longtemps. Celle-ci est indispensable au groupe pour porter ses chansons, même sur un set court comme ce soir-là, qui se termine sur un des nombreux sourires d’un groupe qui semble encore émerveillé de ce qui lui arrive. Une participation à un aussi beau projet que Vie Sauvage, qui s’adapte sans souci à chaque saison, est une des belles premières étapes pour Feu! Chatterton, qui en connaîtra d’autres bien rapidement.