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Festivals

Coup d’œil sur la programmation de la Route du rock 2017

La fréquentation de la Route du rock (du moins des trois soirées principales au Fort de Saint-Père) a toujours fait le yoyo. L’an dernier, malgré un temps au beau fixe, le festival n’avait enregistré que 13 000 entrées payantes, loin de ses meilleurs millésimes. On peut attendre bien mieux pour cette année, grâce à trois solides têtes d’affiche, PJ Harvey, The Jesus and Mary Chain et Interpol. Le reste de la programmation fait la part belle à des groupes et artistes déjà venus à Saint-Malo, et à une vague néo-garage plus ou moins psyché, inégale sur disque mais à l’efficacité scénique garantie. Petite revue des effectifs, pour accompagner l’interview vidéo des programmateurs que nous avons mise en ligne il y a quelques jours.

Jeudi 17 août

La salle de la Nouvelle Vague, ou a lieu en février l’édition hiver de la Route du rock, accueille également l’avant-soirée aoûtienne, à la programmation particulièrement relevée cette année. Elle est visiblement placée sous le signe du A, puisqu’elle rassemble les Allah-Las, Andy Shauf et Alex Cameron, de loin le plus charismatique du lot avec son improbable allure de crooner néo-romantique early eighties. Avec cet aréopage de fins mélodistes, le festival place d’emblée la barre haut en matière de songwriting. Ce qui en fait presque une exception dans la paysage des rassemblements estivaux…

 

Sur la plage Arte Concert (vendredi 18, samedi 19 et dimanche 20 août)

Le Rémois Prieur de la Marne (pseudo emprunté à un membre du Comité de salut public durant la Révolution française) accueillera chaque jour les festivaliers au pied des remparts avec ses étranges mix érudits mêlant extraits de chansons, musique de film, bouts de reportages, d’émissions radio ou télé. Une façon pop de faire résonner les désordres du monde. Puis Calypso Valois (vendredi), Le Comte et Kaitlyn Aurelia Smith (samedi) et Petit Fantôme (dimanche) accompagneront joliment la baignade, entre pop et electronica.

 

Au Fort de Saint-Père

Vendredi 18 août

Le revival shoegaze est une tendance lourde, et ce n’est pas Julien Perrin, animateur-interprète des conférences de presse au Fort et membre de Soon, She Said, qui dira le contraire. Illustration avec les Californiens de Froth, dont le troisième album, “Outside (Briefly)”, tout en rappelant de bons souvenirs 90’s, parvient à dépasser le simple exercice de style nostalgique.

Quintette de Bristol, Idles donne, lui, plutôt dans un post-punk agressif avec chant éructé et rythmique qui bastonne – leur album ne s’appelle pas “Brutalism” pour rien. On pense souvent à une version plus fruste des excellents Protomartyr, ou à des Sleaford Mods avec guitares. Pogo et émotions fortes en perspective !

Génies ou poseurs, personne n’arrive à se décider. Sans doute les deux à la fois. Ce qui est indéniable, c’est que les Américains de Foxygen ne vont jamais là où on les attend. Leur dernier album en date, “Hang”, est aussi bien influencé par l’univers de Walt Disney que par la pop orchestrée du grand Harry Nilsson. Duo à l’origine, le groupe peut rassembler une dizaine de membres sur scène, et leurs prestations sont souvent à l’image de leurs disques, un joyeux bordel. On peut donc s’attendre à quelques surprises (bonnes, espérons-le).

Car Seat Headrest est à l’origine le projet solo d’un jeune Américain très prolifique, Will Toledo. Ses albums précédents n’ayant été quasiment pas distribués, on ne l’a découvert que l’an dernier avec le très réussi “Teens of Denial”. Ses chansons simples et touchantes, malgré des longueurs souvent inhabituelles, rappellent un certain indie rock US des 90’s, une époque que son auteur a dû à peine connaître. Sur scène, entouré de musiciens amis toutes guitares dehors, le garçon assure, quelque part entre Pavement et Weezer.

Certains fans de longue date regrettent le virage emprunté par PJ Harvey sur ses deux derniers albums. Elle s’est éloignée du rock, lui préférant une musique plus profonde et inspirée de recherches personnelles et d’une conscience aiguë de l’état du monde. Sa créativité s’en trouve pourtant démultipliée. Ses prestations scéniques n’ont quant à elles rien perdu en intensité, comme on a pu le constater l’an dernier à Primavera, Beauregard ou aux Nuits de Fourvière. A priori, la setlist sera assez proche, surtout axée sur les deux derniers albums, mais avec quand même quelques classiques des années 90-2000. PJ Harvey se fait rare sur scène, son retour à la Route du Rock (19 ans après un passage mémorable) est sans aucun doute l’événement de cette édition 2017.

Et aussi : Helena Hauff, electro/synth wave martiale von Hamburg ; Thee Oh Sees, légendes garage déjà venues, et qu’on ne présente plus ; DJ Shadow, magicien du collage sonore, dont on espère qu’il apportera avec ses écrans vidéo pour une totale immersion.

 

Samedi 19 août

Les Parquet Courts étaient déjà venus à la Route du rock à l’époque de leur formidable album “Light up Gold”, livrant un set tranchant et sans temps morts. Depuis, leur musique a un peu desserré son col, le tempo s’est légèrement ralenti, et on n’a jamais tout à fait retrouvé sur scène ce mélange de tension et de coolitude digne de Wire ou des Feelies. En live comme sur disque, les New-Yorkais restent néanmoins une valeur sûre, s’inscrivant dans la grande tradition rock de leur ville d’adoption (Velvet, Television, Sonic Youth…)

C’est un live chez David Letterman qui a fait connaître Future Islands au grand public. Si cette vidéo devenue virale dévoilait l’intensité des prestations live du groupe, c’est surtout le jeu de scène peu conventionnel du chanteur Samuel Herring qui a fait le buzz. Ce succès mérité a été confirmé cette année par “The Far Field”, le nouvel album des Américains. Plus produit et accessible que les précédents, il s’avère tout aussi puissant et inspiré. Nous envions ceux qui découvriront le groupe pour la première fois à Saint-Malo !

Plus de dix ans après avoir tiré leur révérence, et plus de vingt ans après leurs débuts, Aidan Moffat et Malcolm Middleton sont de retour, du moins sur scène. Groupe phare de la scène écossaise des années 90-2000, Arab Strap avait marqué son époque autant par ses textes directs et existentialistes, tellement sordides qu’ils en devenaient presque drôles, que par sa propension à élargir à chaque nouveau disque son territoire musical, entre rock indé dépressif à guitares, folk et électronique. Réentendre après tout ce temps “The Girls of Summer”, “The Shy Retirer” ou “The First Big Weekend” en sirotant une bière tiède devrait être particulièrement émouvant.

On n’avait pas trop su quoi penser de Temples à l’époque de leur premier album, “Sun Structures”, beau succès outre-Manche. Ces jeunes Anglais avaient indéniablement du talent, mais semblaient se contenter de livrer une copie soignée (jusque dans les impeccables bouclettes du chanteur) du rock à tendance psyché des années 60-70. D’où la bonne surprise apportée par “Volcano”, deuxième essai plus coloré, au son plus riche et original, grâce notamment à l’apport de synthés, et aux refrains toujours aussi mémorables. Et en live, c’est apparemment une affaire qui tourne.

Guitares saturées et dissonantes à la Sonic Youth, rythmiques krautrock et sens remarquable de la mélodie caractérisent les chansons de Cold Pumas, groupe de Brighton discrètement actif depuis 2008. Son deuxième album, “The Hanging Valley”, sorti l’an dernier, fait l’effet d’un uppercut ; on peut attendre le meilleur de sa déclinaison scénique.

Promis par les frères Reid depuis des années, le nouvel album des Jesus and Mary Chain, le très plaisant “Damage and Joy”, a fini par sortir au printemps dernier. L’occasion de les revoir sur scène, où les Ecossais livrent aujourd’hui de vrais concerts, loin des happenings bruitistes tournant généralement à l’émeute qu’ils infligeaient aux spectateurs à leurs débuts. Aujourd’hui, on va les voir pour entendre des classiques qui n’ont pas pris une ride, bien chantés par un Jim Reid qu’on n’avait jamais senti aussi épanoui (avec un jeu de scène plus sobre qu’Iggy Pop, certes…). Pour un festival qui n’a manqué quasiment aucun des grands retours indie de ces dernières années (My Bloody Valentine, Mazzy Star, Ride, Slowdive, Lush…), un groupe mythique de plus à accrocher à son tableau de chasse.

Et aussi : Soulwax, le retour des frères-machines avec une scénographie et un lightshow qui impriment la rétine ; Black Lips, pourvoyeurs d’un garage rock délicieusement brouillon et souillon depuis une quinzaine d’années.

 

Dimanche 20 août

Si l’on devait trouver l’exemple du groupe indie-pop parfait, dans la démarche, l’attitude et le son, les Proper Ornaments feraient de très solides prétendants. Pas étonnant, puisque le quatuor comprend dans ses rangs les talentueux James Hoare (Ultimate Painting, Veronica Falls) et Max Oscarnold (Toy). N’arrivez pas en retard le dimanche, le groupe lancera tranquillement les hostilités au fort de Saint-Père.

Angel Olsen est omniprésente sur les scènes du monde entier depuis 2014 et la sortie de son premier coup de maître, “Burn Your Fire For No Witness”. C’est avec les mêmes musiciens qu’à l’époque qu’elle tourne aujourd’hui, et cela s’entend. Le groupe, en formation augmentée, est hyper soudé et délivre des prestations intenses. Sa musique, teintée de folk, de country et de rock, préparera les oreilles en douceur à l’assaut sonique de Yak, groupe anglais au blues-rock trashy qui lui succédera sur la scène des Remparts.

La réputation sur scène de Mac DeMarco n’est plus à prouver. Derrière un côté comique troupier qui fait mouche à chaque concert se cache l’un des artistes les plus talentueux de sa génération. Son dernier album “This Old Dog”, plus dépouillé que les précédents, regorge de pop songs intemporelles. Allant directement à l’essentiel, son songwriting est devenu plus adulte. Nous parions que son concert sera l’un des temps forts du festival.

Les débuts d’Interpol sont indissociables de la Route du rock puisque les New-Yorkais en costume noir y avaient joué deux années de suite, en 2001 (remplaçant Saul Williams au pied levé) et 2002. Si ses influences cold wave étaient aisément discernables, le groupe impressionnait alors par un mélange de détachement cool et d’intensité vibrante. Malgré des disques honnêtes, la suite nous a moins passionnés, sorte de redite qui avait tendance à se diluer sur les grosses scènes de gros festivals. Avec trois de ses quatre membres d’origine, Interpol parviendra-t-il à retrouver la passion qui l’animait il y a quinze ans ? Le groupe jouera en tout cas en intégralité son premier album, le toujours formidable “Turn on the Bright Lights”, ce qui rappellera au moins de bons souvenirs.

Et aussi : Ty Segall, Californien qui parvient à combiner qualité (le plus souvent), variété (entre rock garage, tendances stoner et moments plus pop) et productivité ahurissante (sous son nom ou avec ses multiples projets); Tale of Us, Milanais installés à Berlin qui emmènent une électro minimaliste et atmosphérique dans des directions inattendues ; et The Moonlandigz, formation comptant dans ses rangs plusieurs déglingos de The Fat White Family. La musique est plus fun et accessible, mais il faut s’attendre à tout…

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