Depuis 1987, le Festi’Val de Marne fait résonner la chanson et la pop française dans les communes du 94 avec une prédilection pour les jeunes talents, mais pas seulement. L’édition 2019, qui aura lieu du 4 au 19 octobre, proposera pas moins de 31 concerts. Voici notre petite sélection.
Vendredi 4 octobre à Villejuif
Bertrand Belin et Barbara Carlotti
Deux artistes que nous suivons depuis leurs débuts et qui ont collaboré par le passé. Il y a douze ans, Bertrand Belin offrait sur son deuxième album “La Perdue” un duo avec Barbara Carlotti, “L’Aube posée”. Il disait à RFI : « Je ne voulais pas confier cette chanson à l’érotisme sous-jacent à une jeune femme dont la voix irait dans le sens des paroles. Quand j’ai entendu Barbara Carlotti pour la première fois, j’ai été frappé par sa grâce et la noblesse de son timbre, et j’ai voulu que ce soit elle qui chante un duo avec moi. » Depuis, les deux ont fait du chemin, diversifiant leurs activités (théâtre, cinéma, radio…). Toujours autant appréciés par la critique, le premier remplit désormais l’Olympia quand la seconde se contente d’un public plus restreint, mais fidèle. Un double programme immanquable.
Samedi 5 octobre au Kremlin-Bicêtre
Aloïse Sauvage et Léonie Pernet
Les deux jeunes artistes françaises dont tout le monde parle, précédées par une excellente réputation scénique. Révélée par le film “120 battements par minute”, la première, artiste touche-à-tout venur du cirque contemporain, propose une fusion de chanson, r’n’b et hip-hop bien dans l’air du temps. La seconde (photo), qui a sorti son album “Crave” il y a un an sur le label de pointe InFiné, vient de la musique électronique, mais la trentenaire s’est éloignée du dancefloor pour livrer une musique inclassable, parfois sombre voire dérangeante, en tout cas très personnelle.
Vendredi 11 octobre à L’Häy-les-Roses
Les Innocents et Ramo
On ne présente plus Les Innocents, qui entre 1987 (le superbe “Jodie” produit par Jay Alanski) et 1999 ont fait se réconcilier la France des FM et des Victoires de la musique et celle des amateurs exigeants de pop grâce à une série de tubes qu’on fredonne encore aujourd’hui. En 2013, Jipé Nataf et Jean-Christophe Urbain, les deux chevilles ouvrières du groupe, annonçaient qu’ils allaient retravailler ensemble. Deux albums ont suivi : “Mandarine” en 2015 et “6 1/2” cette année. Si les ventes ne sont pas ce qu’elles étaient à une époque plus faste pour l’industrie du disque, l’enthousiasme est intact et on retrouvera avec plaisir ces deux vieux potes épris de légèreté et de sonorités acoustiques. En première partie, on découvrira les chansons « optimistes » de Ramo alias Thomas Emeriau, voix douce sur rythmiques élastiques et sons de nature.
Samedi 12 octobre à Villejuif
La Maison Tellier et Elliott Murphy
Si Elliott Murphy est bien sûr américain, il vit depuis trente ans en France, ce qui lui vaut sans doute d’être programmé au Festi’Val. Ce pote de Bruce Springsteen (qui l’invite généralement à jouer sur “Born to Run” quand il se produit à Paris), vu à ses débuts comme un nouveau Dylan, continue à sortir des albums de folk-rock aussi dignes que confidentiels, à publier des livres et à remplir de fans fervents des petites salles comme le New Morning. On suppose qu’il aura des histoires à raconter aux cinq Rouennais de La Maison Tellier, en activité depuis 15 ans. Si ces derniers restent attachés à un chant en français, avec une grande attention portés aux textes, leur musique puise beaucoup dans les traditions américaines, pour un résultat toujours inspiré. Une soirée à la fois roots et littéraire, donc.
Mercredi 16 octobre à Vincennes
Jean-Louis Murat et Siau
Si sa riche discographie est peu à peu rééditée en vinyle (souvent des doubles pour accueillir de précieux bonus), l’Auvergnant sans façons ne semble guère disposé à regarder en arrière. Ses derniers concerts le présentaient en trio guitare-basse-batterie plutôt brut, et la plupart des morceaux étaient tirés de ses plus récents albums. Ne pas trop s’attendre a priori à un retour sur deux de ses plus grands disques, “Cheyenne Autumn” et “Mustango”, qui fêtent respectivement leurs 30 et 20 ans… même si avec lui tout est possible (notamment des petites piques adressées aux spectateurs). Contraste en perspective avec la première partie, Siau, et sa voix alanguie sur des sonorités électroniques épurées. On pense, toutes proportions gardées bien sûr, à Christophe et James Blake.
Et aussi : la Jimi, mini-festival dans le festival les 11 et 12 octobre à Ivry-sur-Seine, avec entre autres des concerts de Cannibale, Vaudou Game, Lane, Rocé…