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Disques

Ani Di Franco – Revelling/Reckoning

ANI DI FRANCO – Revelling/Reckoning
(Righteous Babe/Universal Jazz)

ANI DI FRANCO - Revelling/ReckoningAvant de parler du contenu – soit 29 nouveaux morceaux d’Ani di Franco -, il faudrait ici évoquer d’abord le contenant. Une fois déchiré le cellophane orné d’un sticker promo (citation non créditée et un peu embarrassante : « l’âme d’un chaman, le courage d’une activiste et la voix d’une génération »), s’offre un « slipcase » en carton d’où l’on extrait avec peine un double digipak qui fleure bon le carton recyclé et se déploie dans tous les sens. On se dit alors que si tous les artistes soignaient autant l’emballage qu’AdF, Rachel’s ou Scenic et que si toutes les maisons de disques poussaient dans ce sens, il y aurait peut-être un peu moins de piratage et de téléchargements. Compris, Pascal Nègre ?
Bon, et la musique ? Tout à fait recommandable, à condition de ne pas s’infuser les deux heures d’un coup, mais d’y aller plutôt par petits bouts, l’œil sur les textes (brillants) et le doigt sur la touche « avance rapide » pour s’épargner quelques longueurs. D’Ani di Franco, je gardais le souvenir d’une chanson qui doit bien avoir six ou sept ans. Je ne l’ai pas réécoutée depuis très longtemps, j’ai oublié le titre, mais pas les accords de guitare (très) sèche ni la voix rageuse, habitée, qui débitait le texte comme un boucher des quartiers de viande. En 2001, l’inspiration de la stakhanoviste de Buffalo est toujours principalement folk acoustique, et un dépouillement parfois à la limite de l’austérité reste de mise. Son succès a d’ailleurs de quoi surprendre dans un pays où dominent les bourins genre Limp Bizkit ou Slipknot.
Revelling/Reckoning marque toutefois une évolution dans le style d’AdF. Si folk il y a, il est ici plus proche de l’introspection frémissante façon Joni Mitchell, Bridget St-John, Karen Dalton ou Joan Armatrading que d’une tendance engagée à la Woody Guthrie/Billy Bragg à laquelle elle nous avait habituée. En convoquant sur une poignée de morceaux la voix et le saxophone de Maceo Parker, ailleurs la trompette éthérée du grand Jon Hassell, AdF élargit son spectre musical et laisse entrer un peu d’air dans ses chansons. Mais même quand elle arrondit les angles et donne dans une pop-soul jazzy lustrée, elle ne tombe jamais dans la soupe FM R’n’B. La douceur n’est pas la mollesse.
Ne cherchant ni le refrain fédérateur, ni le gimmick imparable, Revelling/Reckoning est un double album qui se mérite, mais qui offrira à l’auditeur patient des moments d’une intensité rare.

Vincent

Disc 1
Ain’t That The Way
O.K.
Garden Of Simple
Tamboritza Lingua
Marrow
Heartbreak Even
Harvest
Kazoointoit
Whatall Is Nice
What How When Where (Why Who)
Fierce Flawless
Rock Paper Scissors
Beautiful Night

Disc 2
Your Next Bold Move
This Box Contains…
Reckoning
So What
Prison Prism
Imagine That
Flood Waters
Grey
Subdivision
Old Old Song
Sick Of Me
Don’t Nobody Know
School Night
That Was My Love
Revelling
In Here

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