WILLARD GRANT CONSPIRACY – Mojave
(Slow River / Rykodisc)
La France a, semble-t-il, regardé passer le superbe deuxième album de Willard Grant Conspiracy sorti l’année dernière avec un je-m’en-foutisme étonnant pour un pays qui a ouvert grand ses bras à des artistes tels que Lambchop, Palace, Vic Chesnutt, Sparklehorse … Seul les Inrockuptibles avec une critique dithyrambique est passé au dessus d’un papier convenu montrant le peu d’écoute et présentant « Flying Low » comme un album clone de ceux Nick Cave. Bien sûr que les disques de WGC et de Nick Cave ont des éléments communs, des sonorités pas si éloignées puisque les protagonistes doivent avoir dans leurs discothèques nombre de disques identiques et peut-être également de références littéraires !
« 3am Sunday @ Fortune Otto’s », premier album du groupe, montrait le côté folk/country – proche de ces racines – du groupe, « Flying Low » s’éloignait un peu de ces contrées avec un son très tendu et la voix de Robert Fisher plus grave que jamais, « Mojave » est en quelque sorte la fusion de ces deux albums. Si certaines chansons nous obligent toujours à jouer les équilibristes sur une corde raide parsemée d’épines (« How To Get To Heaven », « Catnap In The Boom Boom Room », « Love Has No Meaning », « The Visitor »), d’autres s’aventurent en direction de mélodies country plus traditionnelles rythmées par la guitare acoustique de Paul Austin, agrémentées de mandoline, de violon et saupoudrées du chant d’Edith Frost oscillant entre le distant et le chaleureux (« Work Song », « I Miss You Best », « Colour Of The Sun »). Plus surprenant, si on ne connaît pas la passion immodérée de James Apt – autre guitariste du groupe – pour les Stooges, l’irruption de « Go Jimmy Go » hymne rock’n’roll convoquant guitares saturées, batterie martelante et voix hurleuse à prendre le pouvoir entre deux des titres les plus calmes. A noter également la présence de « Archy’s Lullaby » ayant eu la chance de côtoyer sur un single vinyl, sorti sur le label de WGC, un titre de Chris & Carla des Walkabouts.
Rentrer dans « Mojave » n’est peut-être pas aussi évident que découvrir les deux précédents albums à cause de cette non-uniformité, mais les nombreuses écoutes nécessaires à la découverte des portes dérobées permettant de se faufiler entre les morceaux sont largement récompensées par les perles contenues dans cet opus.
Lorseau
Another Lonely Night
Colour Of The Sun
Work Song
How To Get To Heaven
Archy’s Lullaby
Go Jimmy Go
I Miss You Best
Catnap In The Boom Boom Room
Front Porch
Love Has No Meaning
Sticky
Rainbirds
The Visitor
Photo © Laurent Orseau