THE SILVER MT. ZION MEMORIAL ORCHESTRA & TRA-LA-LA BAND – Born Into Trouble As The Sparks Fly Upward
(Constellation / Chronowax)
Si les lumières des étoiles de cette Constellation (label canadien passionnant et intègre) ne parviennent que trop rarement de ce côté-ci de l’Atlantique (hormis God Speed You Black Emperor et une poignée d’autres au compte-gouttes) pour cause de disques trop novateurs, trop expérimentaux ou trop ténébreux, A Silver Mt. Zion devra faire exception. En effet, Les albums de A (ou The) Silver Mt. Zion sont peut-être bien de ceux capables de vous laisser une marque indélébile si vous commencez à y goûter. Attention musique dangereuse et sombre qui entraîne l’accoutumance ! Certains de vos disques risquent même de vous paraître vains et futiles face à elle.
Projet parallèle de certains membres de Godspeed You Black Emperor, A Silver Mt. Zion raccourcit le nom de ses albums et rallonge la taille de sa formation. Le groupe s’est effectivement élargi pour accueillir encore plus de cordes et quelques cuivres.
Pour le reste, sur ce deuxième album, ASMZ (en abrégé) continue à jouer une musique essentiellement à base de violons, violoncelles et de contrebasse avec une pincée de piano, de guitare et de percutions. La musique de chambre (d’église?) y rencontre tout un pan du rock sombre et décadent, Joy Division et Mogwaï en tête. L’avenir de la musique classique pourrait prendre le nom de ASMZ que ça n’en serait pas choquant. Mais il importe peu, finalement, d’essayer d’identifier le style musical (classique ou rock indé?) de ce groupe car ce qui compte c’est d’être en possession d’un objet musical inédit et d’une puissance émotionnelle rare.
ASMZ compose sa musique comme si la fin du monde devait arriver demain, comme si la peur de l’apocalypse rongeait chaque membre du groupe, la peur que des « bateaux de feu tombent du ciel » (titre du morceau d’ouverture). Cette dramaturgie tragique omniprésente chez ASMZ prend alors tantôt l’ aspect de longues complaintes mélancoliques et presque apaisantes tel un dernier chant d’espoir où des phrases mélodiques se répètent pour former une longue litanie hypnotique, tantôt l’aspect de morceaux si tendus qu’ils en deviennent angoissants comme en témoigne ce « Take These Hands… », un des rares titres chantés de l’album. Pour ces raisons, écouter ASMZ à la tombée de la nuit est une expérience à la fois effrayante et envoûtante. ASMZ construit la bande son symphonique d’un cauchemar enfantin qui oscillerait entre univers onirique et monde monstrueux. Ces deux univers co-existent parfois sur un seul et même morceau comme traversé par différents mouvements.
Noir et lumineux, expérimental et accessible, moderne et classique, religieux et diabolique, telles sont les ambivalences de cet album.
« Born into trouble… » est donc un disque aux ambiances bipolaires mais toujours conduit par la même exigence : trouver le beau. ASMZ y parvient grandement avec une musique d’une beauté incommensurable et universelle à écouter allongé les bras en croix dans l’attente du jugement dernier. Priez fidèles! Priez!
monsieur Morel
Sisters! Brothers! Small Boats Of Fire Are falling From The Sky
This Gentle Hearts Like Shot Bird’s Fallen
Built Then Burnt [Hurrah! Hurrah]
Take These Hands And Throw Them To The River
Could’ve Moved Mountains…
Tho You Are
Gone I Still Often Walk W/You
C’mon Come on (Loose and Endless Longing)
The Triumph Of Our Tired Eyes