MAXIMILIAN HECKER – Infinite Love Songs
(Kitty Yo / Wagram)
Vers l’âge de 10 ans, à l’époque révolue des boums, il y avait ces slows archi-éculés ("Only You" des Platters, toutes les ballades des Beatles, "Tuesday Gone" de Lynyrd Skynyrd…) que j’aimais me passer et repasser jusqu’à l’usure complète de la lentille optique de ma première platine CD. Ils réussissaient à me donner une idée précise du sentiment amoureux et me faisaient entrevoir, grâce à des mélodies lacrymales, à quoi pouvait ressembler l’état de béatitude et d’attendrissement qu’ on ressent une fois sous l’emprise de ce sentiment. Et bien pour résumer, l’album de Maximilian Hecker m’évoque de façon exacte cette période. Les mélodies de ce jeune allemand de 23 ans sont effectivement de celles destinées vous rendre mélancolique, l’âme amoureuse, et ceci, jusqu’à vous faire frissonner en secret. Le titre de l’album n’est pas là par hasard… Ce disque est résolument fleur bleue et, je le clame haut et fort, je l’adore justement pour cette raison.
Mais attention, il ne s’agit pas pour autant d’une mièvrerie pour pré-ado. Le bonhomme connaît son affaire et sait avoir la main légère sur le pathos futile. Ses chansons brillent en effet par leur modestie et leur retenue. Notre jeune homme possède seulement le don de savoir placer avec justesse le bon accord mineur au bon endroit ou la petite intonation vocale qui fait qu’une chanson banale vire à la chanson parfaite. L’instrumentation est à l’image des chansons, à savoir sobre. Elle ne s’accorde ici et là que quelques artifices comme l’emploi de claviers légèrement désuets à la façon de Grandaddy. Sinon la part belle est faite aux guitares et au piano. Le chant du jeune homme se situe, lui, à la croisée de celui de Mark Linkous pour le timbre légèrement cassé et de Chris Martin de Coldplay pour les inflexions affectées. Le résultat : des pop-songs romantiques aux mélodies imparables et émouvantes qui savent aussi se faire plus dures (le pétage de plomb sur le très beau "Cold Wind Blowing") ou plus accrocheuses (le single "Infinite Love Song" à la manière de Fosca). Les chansons agissent avec charme. Sur chacune d’entre elles, je me surprends à attendre béatement le refrain dont je sais d’avance qu’il me fera chavirer le cœur. "Infinite Love Songs", "c’est le bonheur d’être triste", comme l’écrivait Victor Hugo à propos de la mélancolie, des chansons tristes mais jamais déprimantes en somme.
Parfois proche d’Elbow, parfois de Tom Mc Rae, Maximilian Hecker a surtout signé un album intimiste et personnel, plus classique que vraiment référencé.
Un disque que les plus durs à cuire (les fans de Mogwai par exemple) écouteront en cachette et que les plus sensibles porteront en étendard.
monsieur Morel
Polyester
Sunburnt Days
Green Night
The Days Are Long And Filled With Pain
White
Cold Wind Blowing
Over
Flower Four
Like Them
Infinite Love Song
Let Me Out
Today