ESMERINE – If Only A Sweet Surrender To The Nights To Come Be True
(Resonant /La Baleine)
Émanant d’un label hébergeant notamment Do Make Say Think, Tarentel et Kepler, Esmerine ne peut que laisser envisager le meilleur. Quelque part entre Rachel’s, Dirty Three et GY!BE, le groupe n’a pas choisi la facilité, ce dont on ne pourra pas se plaindre.
Contrebasse et violoncelle sont les maîtres de ces lieux désolés où le dépouillement répond à la chaleureuse beauté des cordes frottées. Parallèlement à une mélancolie occidentale omniprésente que Sylvain Chauveau et ses satellites ne renieraient pas, les calques tribaux, (asiatiques selon ma perception) viennent se superposer pour filtrer différemment les lumières originales. Ainsi en est-il d’un vibraphone aux accents de gamelans.
Que passent leur chemin ceux qu’une plaine désertique où seul un vent sec vient animer des natures mortes laissent insensibles et ceux qui s’ennuient à la simple idée de contempler la promenade des feuilles d’automne sur un ruisseau au débit discret. Les autres, en revanche, à la faveur de moments de solitude recherchés, risquent de revenir souvent auprès d’Esmerine.
Difficile de nier toutefois les quelques longueurs de "If Only A Sweet Surrender…", que j’aurais, par ma naturelle indulgence, tendance à attribuer à l’essence même de ce genre de musique dont l’appréciation est intimement liée au temps que l’on y consacre. C’est la première partie du disque qui, plus audacieuse, est la plus intéressante, tandis que la deuxième, plus convenue, est effectivement plus "longue".
Lorsque, au milieu de ce champ de cordes, apparaît une batterie, même discrète, cela se voit (ou plutôt, cela s’entend). C’est alors inattendu, fugace et intense. Ces coups de tonnerre dans un ciel d’azur arrivent à point nommé, c’est-à-dire au moment où l’attention commence tout juste à décliner, vers la fin du disque.
En fin de compte et malgré des passage peut-être superflus, " If Only A Sweet Surrender…" se révèle très séduisant et assez atypique par la force évocatrice que lui confèrent de longues plages au parfum de terre humide, de vent sec et de bois chaud.
Fred
Red Fire Farm
There Were No Footprints In The Dust Behind Them…
Nohna’s Lullaby
Where There Is No Love There Is No Justice
Tungsten
Sweet Surrender Be True
Luna Park
The Marvellous Engine Of Resistance