SWELL – Whenever You’re Ready
(Beggars Banquet / Naïve)
"Quand vous serez prêts", ben voyons. Méchante ironie du groupe à l’égard des fans qui ont attendu la sortie maintes fois différée du nouveau disque. Enfin, le voilà dans les bacs depuis un mois, et, de toute façon, tout le monde est prêt à pardonner au groupe le plus secrètement influent du rock indie US : que seraient Nada Surf, Pinback ou même Grandaddy sans la musique tortueuse de Swell ? Tout le monde est donc content. Euh, sauf qu’à lire les chroniques parues dans les feuilles qui se lisent, c’est pas si simple que ça , car "Whenever you’re ready", disque de la réconciliation de David Freel et Sean Kirkpatrick serait au choix le meilleur disque ou le plus paresseux du groupe. Ah bon. Autant vous dire que le petit plumitif que je suis s’est senti investi, dès la première écoute, de la lourde mission de dissiper ce malentendu. Après la cinquième, je peux enfin assumer mon incurie complète : loin de pouvoir trancher le différend, je reconnais avoir été assez déçu au départ puis m’être laissé gagner de plus en plus par la fausse nonchalance de cette musique. Je pense donc que le disque restera un peu controversé, qu’il a les défauts de ses qualités et que, comme l’assurent les membres du groupe, il se mérite ("quand vous serez prêts", qu’ils disent). Dans l’estimation du pour et du contre, il faudrait donc rassurer d’abord les amateurs qui ne l’auraient pas encore acheté : par exemple, quelques morceaux suffisent à rappeler les éminentes qualités de composition du groupe, version ligne claire et pointe sèche ("Next to Nothing"), son sens aigu de la rythmique (l’excitant "War Comes Down"), sa manière de poser un climat instable ("Better Than Oil"). Après, et sur la longueur, il est vrai que les choses semblent se gâter un peu : "So Easy, so Cool", titre d’un morceau, sonne aussi un peu comme un manifeste pour pas mal d’autres compositions, plutôt enlevées et agréables, mais comme délestées de la tension qui a longtemps fait la marque du groupe. Elles sont à l’image des jolies peintures de Kirkpatrick qui ornent le livret, ensoleillées, d’un abord faussement simple, plutôt apaisantes. Et un peu dépourvues de mystère, malheureusement. Et c’est en quelque sorte là que l’on décide de croire encore ou non dans le groupe. Soit on continue de ne vouloir aimer chez lui qu’une humeur noire et tenace, qu’un reste de bas-fond new-yorkais, soit on le suit ailleurs, où il est parti, vers les plages de Californie, le désert d’Arizona, là où la lumière vibre drôlement à l’horizon, en tâches d’huile sur l’asphalte, en mille éclats bistres sur la mer. En ce qui me concerne, j’ai bien failli rester sur le bord de la route. Mais il y avait encore en moi sufisamment de "California dreaming" et je n’ai pas regretté les jolies escales qui ont marqué la traversée ("Say gooodbye", "Everyday comes everynight", les trois derniers titres). Non vraiment, ces mecs sont sympas, ils vous prendront en stop, tentez votre chance.
David
Soon enough
Next to nothing
War comes down
Convince us
So easy, so cool
In the morning
Say goodbye
Sunny sun son
Everyday comes everynight
Better than oil
Word gifts
Miss it
Sun (reprise)
Always everything
California, Arizona