BIGG JUS – Plantation Rhymes
(Subverse)
Mine de rien, cela faisait 4 ans que personne n’avait rien entendu de Bigg Jus. Depuis « Funcrusher Plus« , carrément. Il y a pile un an, au moment même où l’avenir (radieux) d’El-P et celui (moins) de Mr. Len devenaient de plus en plus clairs, celui du meilleur MC de Company Flow demeurait un mystère. Ca n’est qu’au début de l’année 2001 que Jus est reparu, et avec deux nouvelles casquettes, celle de patron du label Subverse et celle de producteur. Allait-il assurer autant dans ces deux fonctions qu’au emceeing ? Aucun souci pour le premier rôle, en quelques mois, Subverse est devenu aussi culte que Def Jux, le label à peine plus ancien d’El-P. Il fallut en revanche attendre quelques mois supplémentaires avant de découvrir ce que Bigg Jus le producteur était capable de nous proposer. Et les premières nouvelles, via le remix de « Gaffling Whips » sur « Projet Chaos« , étaient plutôt excellentes.
Les autres titres qui composent le EP sont dans la même lignée que ce coup de force et donc bien loin d’être anodins. Froideur et expérimentation sont encore au rendez-vous, et le paroles sont plus mordantes que jamais, à l’image de la redoutable punchline du titre phare : « plantation rhymes, ’cause all of you MC’s rhyme like slaves ». Côté production, Plantation Rhymes allie plutôt bien hip hop vintage et tentatives musicales plus osées. En sont témoins les premiers titres, tous réussis sans pour autant être divins (le ‘Gaffling Whips Remix’, ‘Dedication to Pray’, ‘Plantation Rhymes’ et ‘Heavenly Rivers’), ou les tout derniers qui évoquent curieusement le Wu-Tang (jusque dans les samples de combat sur ‘Tongue Sandwich’, en ouverture du EP) et plus particulièrement Ghostface Killah.
Tout cela est plutôt positif, mais pourtant ça ne fonctionne pas à tous les coups. Même en se dépouillant le plus possible de ses automatismes, même en prolongeant les écoutes. Les titres deviennent même moins marquants au fil du temps : « I Triceritops » et la fin de « Dedication to Peo » sont pénibles ; « The Story Entangles », dépouillé et chanté par une femme, ne trouve pas vraiment sa place ici. Et le format décousu, éclectique, bourré de remixes encombrants et de titres secondaires du EP dessert l’impression finale et générale. Plantation Rhymes n’enterre pas Bigg Jus, très loin de là. Il fait juste partie de ces disques étranges qui livrent exactement ce qu’on espérait d’eux, et qui pourtant sonnent à moitié ratés.
Sylvain
Tongue Sandwich
Heavenly Rivers
Dedication To Pray
Gaffling Whips (Remix)
Plantation Rhymes
Dedication 2 Peo
The Story Entangles
I Triceritops
Dedication 2 Peo (Instrumental)
Gaffling Whips (Remix, Instrumental)
Gaffling Whips (Original)
Lockjaw
The Story Entangles (Instrumental)