PORTRAIT OF DAVID – These Days Are Hard To Ignore
(Glitterhouse / Talitres / Chronowax)
Ce disque aurait pu s’intituler "A short album about childhood", car les jours tristes qu’il évoque sont ceux, inoubliables et troublés, de l’enfance. Telle qu’elle est racontée par Ola Flottum (membre de The White Birch), l’enfance est venue se rappeler à coup d’apparitions spectrales et entêtantes de l’autre qu’il a été et qui continue de hanter sa conscience : "lorsque j’étais enfant, je prétendais être un cheval, filant dans le vent en solitaire…ces derniers jours, à chaque tournant, je ressens que je suis vraiment ce cheval fonçant dans l’impasse". L’humeur est sombre, le cœur bat lentement, pris dans la torpeur de l’introspection, abandonné à la contemplation des ombres projetées par la lanterne magique. On imagine la musique accompagnant ce voyage mental composée sur les bords d’un Fjord, dans la maison dont la pochette donne ici les détails. Le cadre est propice à ce dépouillement monacal, et pourtant tendre, de l’instrumentation (un piano égrenant lentement ses accords, des chuchotements de cordes, quelques effets de réverbération). La voix désolée de Ola plane doucement sur les eaux du souvenir, tantôt mise en avant, tantôt simple soupir lointain. La rigueur et la radicalité des choix esthétiques peuvent, selon les goûts, décourager ou impressionner, mais ce minimalisme à l’insondable tristesse a aussi des vertus apaisantes et salvatrices : l’intensité des silences est vibrante, les nuances de cette voix, entre le grave et l’enfantin, ressortent d’autant mieux qu’elles sont mises à nu. Proche des univers musicaux de Mark Hollis, Bed ou Labradford, un étrange voyage entre le souvenir et le fantasme pour des rêveurs éveillés.
David
Wild open doors
Lake
Nine-day wonders
Beautiful flimsy kite
Hot-air balloon
Constant flow
Sweet thief
In the garden
David’s portrait
Seaweed